mardi 29 décembre 2015

Peur de l'immobilité

C’est quoi tes projets, Micheline ?

Je n’en ai pas vraiment. Par contre j’ai plein d’envies. Telles que (au débotté) :

-          Déménager
-          Me mettre en coloc
-          Adopter un chat
-          Me teindre les cheveux
-          Acheter un nouveau portable
-          Me faire un tatouage
-          M’investir dans du caritatif

Je passe beaucoup de temps à penser à ces envies. Certaines sont calquées sur des modèles, d’autres plus spontanées.

En tout cas, je passe beaucoup de temps à penser au futur. Cela m’étonne (agréablement, entendons-nous bien) car j’ai longtemps été plutôt une rumineuse de passé.


Enfin, je pense au futur principalement à court terme. Je reste incapable de me projeter sérieusement plus loin que dans 1 mois, hein. Mais je suis dans une phase où j’ai bouclé un cycle et je me demande quelle tournure je veux que prenne ma vie, dans quel sens je veux tourner le volant (amis de la métaphore, bonsoir). Quelle vie je veux ?

Parce que dans tous les cas, je veux une autre vie. Pas celle que j’ai présentement. Enfin, pas exactement. Il y a toujours un truc qui pourrait me faire aller mieux, rendre ma vie plus belle, meilleure, plus intéressante. Dans tous les cas il y a un quelque chose à bouger, à changer, à mobiliser.

En aucun cas il ne faut rester immobile.

Le fantasme de tout plaquer et partir (élever des lamas en Patagonie) c’est l’apogée de ce truc.

Mais sans aller jusque-là il y a tous ces (plus ou moins) petits changements que je souhaite. Tous ces trucs sur lesquels j’ai du contrôle. Tous ces petits coups de pieds que j’ai envie de donner dans ma fourmillière (j'aime vraiment les métaphores).

C’est bien, c’est pas bien, j’en sais rien. Je m’en fous. (Thug life)

On peut dire que tu as peur de l’immobilité, Micheline ?

Oui, je crois.

Pourtant il y a un truc paradoxal. Ces envies de changement, ce regard vers le futur c’est arrivé au moment où j’ai appris l’immobilité.

(twist de milieu d’article)



Enfin, l’immobilité en apparence. J’ai nommé la méditation. Peut-on faire plus immobile, s’il vous plait ?

Et pourtant. (voix de présentateur de TF1)

Et pourtant dans cette immobilité apparente, durant ces 10, 20 ou 30 minutes de posture corporelle, il se passe une multitude de choses. De pensées, d’émotions, de perceptions. Un tel voyage ! Donc finalement, l’immobilité, ça n’existe pas. Jamais.



Je ne sais pas si je réaliserai mes envies. Ce n’est sans doute pas grave si je ne le fais pas. Et si je le fais, je sais que d’autres prendront leur place, ce qui est chouette !

J’ai lu une phrase récemment que je regrette de ne pas avoir noté avant de rendre le bouquin qu'on m'avait prêté (celui-là*, suivez l'astérisque que vous ne voyez presque pas) puisque je vais devoir la reconstituer (très approximativement) de mémoire. En gros, prends soin du présent, le futur se charge de se créer tout seul

Par prends soin du présent, j’entends écoute-toi, suis tes envies ou ne les suis pas. Fais-toi du bien et fais du bien autour de toi. Mais ne t’inquiète pas de la suite.

Cet article c’est ça. Mes ressentis au moment présent. Sans analyse, sans intellectualisation. Sans conclusion.


Dèz dèz.


*La voie du bouddhisme au fil des jours, Olivier Raurich

dimanche 13 décembre 2015

Se comparer à des modèles : flippant et inspirant (flispirant ?)

Alors, Micheline, tu es contente de ce blog ?

Oui et non.

Pourquoi non ?

Parce qu’il pourrait être mieux. Il n’est pas assez bien, il n’est pas aussi bien que certains. Cette impression, je la redoutais avant de m’y lancer. Cela ne m’a pas arrêté mais cela aurait pu.

Ici, on parle de la peur de ne pas soutenir la comparaison (tu la vois la continuité avec l’article sur le jugement ?). Me comparer, c’est ma grande passion. Est-ce que je suis « mieux que » ou « moins bien que » ? (ouais, c'est pas glorieux mais on a dit qu'on était honnêtes)

(Spoiler alert : je suis "moins bien que" Beyoncé)

Internet est un excellent terrain d’expression de ce penchant. En écrivant cet article j’ai repensé à l’article de Jack Parker sur Madmoizelle : Blogs de filles : le syndrome d’une fille frustrée. Elle y explique que les blogs « de fille », type mode, DIY, lifestyle, etc, la font « fantasmer sur la fille qu['elle] aurai[t] pu être » et lui donne l’impression qu’ « elles font tout mieux qu['elle] ».

Je ressens un peu le même truc. Tu sais, comme si il y avait une meilleure version de moi qui était toujours là, à côté de moi, à laquelle je me compare sans arrêt. Cette nana idéale, appelons-la Princesse Michelle (tout ne peut pas être parfait chez elle non plus) elle ne me juge pas directement, non elle est trop sympa pour ça. Par contre moi, je me regarde, je la regarde, je me reregarde (bref…) et selon mon humeur cela peut être hyper motivant ou hyper déprimant.

Princesse Michelle (oui, je persiste) se construit à partir de tout ce que je vois, sur internet et dans la vie. Tous les gens qui m’inspirent, m’enthousiasment, me font fantasmer. Tous ces gens qui me font me dire : « j’aimerais trop être comme eux » (l’adolescence, ça s’arrête un jour, dis ?).

Le syndrome Princesse Michelle (et je signe) se décline sur plusieurs aspects, du moins frustrant au plus problématique, ici on ne prendra que l'exemple d'internet :

-  Le lifestyle. J’entends par là, la bouffe, la déco, les sorties, etc. Bref, le vivier d’Instagram. De ce côté-là, ça va. Enfin, la déco je m’en fous un peu. La bouffe, je ne suis pas assez équipée pour réaliser des folies de food porn. Mais j’ai plutôt l’impression de prendre le bon côté des inspirations de nourritures saines. Et ça passe aussi par un mode de vie plus sain et plus écolo. (même si Princesse Michelle est beaucoup plus écolo que moi, bien sûr !)

-  L’apparence. Les blogs, Youtube, Instagram, autant de sources infinies d’influence de la hype. Bon, ça c’est pas trop trop compliqué, avec un peu de sous et de temps, je peux me faire des make-up me maquiller, me teindre les cheveux, me mettre du vernis et m’acheter des fringues.
Non, cet aspect aussi, j’arrive plutôt bien à le maitriser. Par exemple, niveau fringues, j’essaie de ne pas tomber dans une débauche de consommation qui serait un peu en opposition avec mes idées écologiques et éthiques.
Même si je me surprends parfois à croire qu’un beau rouge à lèvres changerait totalement la face de ma vie.

(Encore elle ?? Non mais va t'acheter une vie, Beyoncé !)

-  Tout ce qu'il y a autour. Là, on part sur du vlog, voire sur de la Nuit Originale. C’est le plus compliqué à gérer. Et c’est ce qui me fait le plus fantasmer, je crois. J’appellerais ça la vie sociale, la vie amoureuse, le boulot de rêve, l'esprit, l'humour, la facilité apparente de tout ça... Le fameux : pourquoi ma vie n'est pas aussi cool que la leur ? 
Certes, internet a permis de renouveler les normes, de donner à voir des gens asexuels, introvertis (cf le chouette article de Mango & Salt Introvertie et heureuse) etc. Et c'est vraiment très très cool ! Mais malgré tout, Princesse Michelle, selon les moments, soit elle vit avec son mec et son chat, avec qui elle regarde Netflix le vendredi soir, soit elle a une super bande de potes avec qui elle refait le monde autour d’une bière avant d’aller se mater un nanar. En tout cas, Princesse Michelle est rarement seule.
C’est le point qui me turlupine le plus (j’avais complètement oublié ce mot, qu’il est joli !) or c’est aussi celui sur lequel j’ai le moins de contrôle donc -> problème.

Bon, on est d’accord, c’est basique comme façon de voir. Et, bien sûr, je caricature un peu.

Surtout que j’ai déjà pas mal évolué de ce côté-là.

D’abord en acceptant ces modèles. En acceptant la présence de Princesse Michelle (en vrai, c’est une nana plutôt sympa). Avoir des modèles, c’est bien, ça permet de s’améliorer un peu. En les choisissant plutôt en accord avec mes convictions, ma façon de voir, je pense que cela participe à faire de moi une meilleure personne.

L’accepter mais aussi la relativiser. Eh oh, Princesse Michelle, en vrai tu n’es qu’un fantasme alors bon, hein (oui, j’ai pas peur de mettre les points sur les i). Pour mieux revenir à Micheline. A ce qui est vraiment ma vie, ce que je peux toucher, ce que je peux voir, les gens à qui je peux parler, ce que je fais, ce blog.

Donc pour terminer : oui, je suis hyper contente de ce blog !


Il m’a été inspiré par des nanas supers, il y a un peu de Princesse Michelle dedans, mais surtout beaucoup de Micheline. Quand elles se rencontrent, c’est un peu la fête à la maison !

(Allez, B., c'est bien pour te faire plaisir)

dimanche 6 décembre 2015

La peur du jugement, épisode 1, partie 1.

Bon, Micheline, on attaque le gros morceau ?

Pff, je sais pas, j’ai un peu la flemme. Je sais pas par quel bout le prendre. On peut pas repousser ?

Non.

O-kayyy…

Le gros morceau c’est la peur du jugement. Rien que d’en parler j’ai un peu la chair de poule (oui, j’exagère).

Le plus simple (comme toujours) c’est de donner un exemple de la façon dont cette peur se manifeste : pendant la fabrication de ce blog j’ai eu la surprise d’avoir des voix dans ma tête.


Des voix et des images, hein, le truc en son et lumière. Des voix de personnes de mon entourage plus ou moins proche, de personnes que j’apprécie plus ou moins. 

Celles-ci, dans mon imaginaire, dénigrent ma démarche, ma façon de faire, mes tournures de phrases… Mais surtout la démarche en elle-même. Dans leur bouche (enfin leur bouche dans ma tête, niveau anatomie ça devient chelou mais on fera avec) ça peut aller du : « oh un blog, c’est mignon tout plein, tu as quel âge déjà ? » au « non mais pauvre meuf qui a pas de vie, qui fait un blog » en passant par « genre la meuf fait un blog sur la peur, elle se prend pour un coach développement personnel ou quoi ?? » j’en passe et des meilleures.

Ces personnes ne sont pas là (dans ma tête toujours, je resitue juste au cas où) par hasard. Ce sont toujours des gens que j’ai déjà entendu émettre des critiques de cet ordre, sans que j’en sois forcément la cible. Je recalque d’ailleurs certainement leurs expressions, leurs intonations, leur attitude. Parfois, ce sont même des gens dont j’estime les jugements (c’est d’autant plus dur à encaisser).

Tout cela rend le truc extrêmement réaliste. Pourtant on est dans de la science-fiction, dans mon cinéma intérieur. L’anticipation marche à plein régime : voilà ce que l’on va me dire. Et je suis persuadée qu'on va me le dire. (enfin, parfois on a de bonnes raisons de s’imaginer que telle personne pense telle chose de nous, et parfois on a raison. Mais si on n’a aucune preuve, alors on va partir du principe que c’est faux.)

Après tout, peu importe, je pourrais m’en foutre. Mais le problème c’est qu’ici on part sur du jugement de valeur. Ce n’est pas seulement ma démarche que l’on juge, c’est mon être, mon individualité, sa valeur. Et d’ailleurs, c’est même moins du jugement (supposé impartial) que du bashing en bonne et due forme.

Les gens sont vraiment des connards.

Wait…


Mais, Micheline, tu te rends compte de la violence que tu as envers toi-même ? :(

Je m’en suis rendue compte récemment, avec beaucoup de surprise. Il y a encore quelque mois, si on m’avait demandé de noter mon estime de moi j’aurais répondu 10/10, je m’aime bien, je m’entends bien avec moi-même.

Bah oui, forcément, la violence je la mets dans la bouche des autres. Comme quoi mon cerveau est parfois cool, il me trouve des stratagèmes pour mettre à distance la dureté avec laquelle je me juge sans appel. Mais ce stratagème est un mensonge.

Donc, cool, on a mis la violence à distance, tout va pour le mieux.

Sauf que le bât blesse quand même. Il blesse de plusieurs manières :

-  L’immobilisme. Forcément, je me freine, me réfrène, m’empêche de faire, de prendre le risque de voir se réaliser ma prophétie de dénigrement. Donc, il est plus prudent de ne rien faire, de ne rien dire, de rester tapi.

-  Le jugement, quand même. Il est impossible d’empêcher les gens de juger. Et c’est une erreur de croire qu’en ne faisant rien, ils ne te jugeront pas. Parfois, on provoque même ce qu'on veut éviter : j’ai peur d’avoir l’air bête, alors je ne dis rien. Certains vont alors se dire : « elle ne dit rien, elle a l’air bête. » CQFD

-  Le cercle de la vie violence. Tu as peur d’être jugée donc tu juges, à outrance, pour te rassurer, te dire que, toi au moins, quand même, c’est mieux que, pas comme, heureusement… Et quelqu’un, en face de toi, aura peut-être ta voix dans sa tête quand elle aura peur de faire quelque chose. On ne s’en sort pas.

Voilà, en gros, où j’en suis de mes réflexions sur tout ce bazar. C’est pas simple, et se culpabiliser de juger n’aidera pas, parce que la culpabilité est clairement un type de jugement

Donc, déjà prendre conscience du phénomène. Le digérer. Et essayer de faire l’effort de s’aimer pour contrebalancer toute cette haine qu’on se lance au visage tout le temps. 

On en reparlera sûrement.

En attendant...

dimanche 29 novembre 2015

Le choix, les obligations et un tire-bouchon

Micheline, tu parles de prise de décision et de compromis, comme si on avait toujours le choix de pas ne faire un truc qui nous fait peur !

Tu marques un point, petit alter ego en lettres bordeaux. C’est vrai que jusqu’à présent je ne parle que de situations dans lesquelles on n’a pas d’obligations. Rien ne m’oblige à faire un blog. Rien ne m’oblige à parler de ce blog. Rien ne m’oblige à sortir de mon train-train. (enfin, on en reparlera…)

Mais il y a des situations dans lesquelles le choix est restreint. Aller au boulot, payer ses impôts, acheter du pain (big up au moi de 14 ans), etc. Dans ces cas précis, la question du rapport peur/envie se pose rarement. Parce que la plupart du temps on a plutôt pas envie de faire ces trucs, et la peur vient d’ailleurs : ça peut être une peur sociale (la boulangère), une peur d’être adulte (payer ses impôts), une peur de faire des conneries (aller au boulot)…

On est alors confronté au badant principe de réalité (enfin, c’est comme ça que je l’appelle, je crois qu’en psycho ça correspond à autre chose), aka « être adulte ». Pour être clair ce serait ce principe à l’origine de la phrase que te répètent tes parents depuis que tu es petite : « on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie ».

La chance (ou le problème, selon le point de vue) que l’on a c’est qu’on vit dans une époque et dans un pays où, eh bah si, on peut faire de plus en plus ce qu’on veut dans la vie. Et surtout, ne pas faire ce qu’on ne veut pas faire. Par exemple, si tu veux taffer chez toi en pyjama et ne parler aux gens que par écrit, en te débrouillant bien, tu peux le faire.

(Rihanna style)

En quoi ce serait un problème ça, Micheline ?

Le problème c’est que la peur nous ment. (cf le premier article de ce blog) Donc elle se faufile dans ce syndrome d’enfant gâté en nous faisant croire qu’on a le choix dans des situations où on l’a finalement très peu.

Bon, un exemple valant mieux que trois ans d’explications : l’autre soir (soir de la Grosse Teuf Madmoizelle, tmtc) j’ai emprunté son tire-bouchon à mon voisin à qui je n’avais jamais parlé et je n’ai pas pu le lui rendre juste après car une bouteille à ouvrir était en chemin (je n’ai même pas envie de développer sur cette fin de phrase). Il m’a donc dit de le mettre dans sa boite aux lettres le lendemain en me donnant le nom et le numéro de celle-ci. OR, j’ai une mémoire de poisson rouge. Donc le lendemain j’avais, bien sûr, oublié les infos. Il fallait donc que je retoque chez lui, que je le redérange dans sa vie privée, je déteste ça, j’étais pas bien, j’avais peur. Mais j’avais pas le choix, on est d’accord ? Eh bien mon cerveau a quand même trouvé le moyen de me faire croire que je l’avais !

« Oh, tu pourrais faire croire que tu as oublié de le lui rendre… »

... Mais...




Oui, mon cerveau m’a dit ça !! Mon cerveau en situation de peur est un putain de voleur de tire-bouchon !!

Donc le truc c’est que peut-être qu’on a toujours le choix. Mais la peur te fait parfois ignorer les conséquences merdiques de ce choix. Elle te fait perdre toute notion de rationalité et met tes valeurs, tes responsabilités, ta morale ou juste ton « self-respect » dans l’angle mort de la prise de décision.

Ça peut être des circonstances plus ou moins emmerdantes, allant de l’annulation d’une soirée par peur de ne pas y être à l’aise à sécher les cours jusqu’à se faire virer (je n'ai jamais été dans ce dernier point mais je sais que ça peut arriver).

Tu fais comment, alors, Micheline ?

Dans l’anecdote que nous appellerons « le cas du tire-bouchon », j’ai eu deux réactions :

-          D’abord l’énervement. Je me suis énervée contre moi-même d’en être encore à négocier pour un truc aussi con. D’autant que si je me mets à la place du type, bien sûr que je préfère être dérangée plutôt que me faire piquer mon tire-bouchon ! (non mais c'est quoi cette histoire ??)

-          Ensuite, la vision du soulagement après l’avoir fait. Etre dans la peur est un moment tellement désagréable qu’une fois qu’on a fait le truc qu’on ne veut pas faire, on se sent comme libéré d’un poids. Parce que d’abord on n’est plus dans cette tension, ce malaise physique et mental, donc on se sent apaisé. Et puis on est fier d’avoir dépassé un truc, de se dire : « si c’était à refaire j’en serais capable, je n’y prendrai pas forcément du plaisir mais j’ai la force de le faire ». 

Donc, pour conclure, le choix on l’a. Le curseur de l’obligation c’est nous qui le mettons, même si la peur nous influence parfois (et dieu sait qu’elle peut être mauvaise conseillère). Mais si on retourne la situation, l'origine des obligations que nous nous donnons n'est pas toujours extérieure à nous.

Si on part du principe qu’on est responsable de nous-même, de notre épanouissement, de notre bien-être, alors peut-être qu’on se donnerait moins le choix de faire ce qui nous fait envie et de ne pas faire ce qui nous déprime. Peut-être qu’on aurait une obligation de bientraitance envers nous-même et que cette obligation serait plus forte que tous les mensonges de notre peur.

Peut-être, finalement, que je n’avais pas tant que ça le choix de faire mon blog.


C’est juste une idée comme ça…


dimanche 22 novembre 2015

Les choses dont je n'ai pas peur

Donc, Micheline, on est d’accord que tu es une grosse trouillarde ?

Mais, je ne te permets pas ! Bon, oui. Enfin… non. Un peu… Ça dépend du point de vue.

(Barack ne me suit plus...)

C’est vrai que je suis assez dure avec moi-même depuis le début de ce blog. Flippette, peureuse, trouillarde.
Et c’est bien d’être un peu exigeant avec soi-même. Ça permet de s’améliorer, de ne pas se contenter ce que l’on a, de ce que l’on est. De se remettre en question.
Mais parfois on peut aussi s’arrêter, regarder en arrière, ou regarder autour de soi, se donner une claque dans le dos et se dire qu’on est fier de soi, qu’on est une personne plutôt cool quand même.

          
(je ne sais pas qui est cette personne mais elle a tout compris)

Parce que, et j’y reviendrai, comment peut-on aller vers les autres si on a une image nulle de soi ?

Ok, Micheline, alors quelles sont les choses dont tu n’as pas/plus peur ?

-  M’endormir

(Oui, on en est là) 
Là, on part sur de la peur enfantine. Et un peu adolescente.
Le moment d’aller se coucher. Le moment où ton imagination part complètement en couille. Quand j’étais gamine je me relevais pour aller voir mes parents : « j’ai peur ». Au bout d’un moment, j’ai essayé de me prendre en main toute seule. Ce qui a donné lieu à une stratégie de type collage contre le mur (oui il me fallait à tout prix un mur) et cachage complet sous la couette, avec juste un trou pour respirer.
Je ne détaillerai pas plus cette peur parce que bizarrement, elle n’est jamais loin. Et même si j’arrive à m’endormir sans problème, c’est même souvent un plaisir, je sens que l’enfant en moi est toujours là. Donc j’évite tout ce qui est histoire à caractère « qui te revient pile quand ton cerveau ne sait pas à quoi penser avant l’endormissement ». Ces pensées flippantes se font donc très rares, mais si elles apparaissent j’arrive beaucoup mieux à lutter contre elles. C’est vraiment une lutte, c’est-à-dire que je ne les laisse même pas arriver à ma conscience, je les combats à grand coup d’imagination de trucs chouettes (de la bouffe, des paysages de carte postale, des bébés animaux, Aziz Ansari…)

-  Aller acheter du pain

(On en est là aussi) 
Quand j’étais plus jeune (genre collège) j’étais si timide que ma mère devait me gueuler dessus pour que j’aille acheter une baguette. Je me demandais ce qu’il fallait dire : « une baguette s’il vous plait » me paraissait un peu trop direct. « je pourrais avoir une baguette s’il vous plait » me paraissait trop long… Oui, j’en étais à me faire une phrase parfaite dans ma tête.
La peur de ne pas faire ce qu’il faut, de ne pas rentrer dans la case.
Maintenant, ça va, merci. J’ai acquis les codes, je peux même échanger de manière normale avec la boulangère, changer ma commande, faire une remarque sur le temps qu’il fait... Je ne me pose même plus la question en fait. Je peux même commander une brioche tranchée. 


-  Passer un coup de fil (dans le cadre professionnel)

On rejoint un peu le truc de la boulangerie. Les premiers coups de fil pour un stage que j’ai dû passer, je m’étais écrit une phrase de présentation. Mais alors pour la suite de la conversation, roue libre totale (=panique totale) ! Et si on parle en même temps ? Et si elle comprend pas ce que je dis ? Ma stratégie consistait alors à réduire les conversations au plus court. « on ne prend pas de stagiaire » « ah, merci, au revoir ». (pas terrible pour se vendre…)
Et puis, à force, j’ai pris des astuces. Genre sourire excessivement, être excessivement poli. Vu que la personne ne te voit pas, il faut en faire des caisses. Et à force de pratique, on prend de l’assurance, on se crée un personnage téléphonique.
Maintenant, je ne suis toujours pas une grande fan des conversations téléphoniques avec des gens que je ne connais pas trop, mais dans le cadre professionnel ou en tout cas non privé (genre appeler EDF), je suis à l'aise.

-  Poser une question en cours

Je me suis réorientée. Après avoir fait une fac de psycho (pendant laquelle je me suis fait très discrète) j’ai fait une remise à niveau scientifique. Et là, dès le premier cours, j’ai eu un prof de chimie génial. Il nous a expliqué que tout ce qu’on voyait, tout ce qu’on touchait était composé d’atomes. Ça a un peu été un mindfuck (ouais, j’en étais là, scientifiquement parlant) et je me suis dit que je pouvais pas laisser passer cette chance de comprendre tout ce que j’avais laissé de côté pendant mes années collège-lycée.  
La première question a été un peu angoissante. Ce moment où tu lèves la main, où tout le monde t’écoute, voire te regarde. Mais je me suis concentrée sur la réponse, qui m’intéressait vraiment. Et là quelqu’un d’autre pose une autre question, qui t’intéresse aussi. Les cours prennent une tout autre dimension quand c’est un échange.

-  Faire des trucs toute seule

Aller au cinéma, me balader, prendre un café (enfin, ça dépend du lieu), prendre un covoiturage, voyager (dans certaines conditions aussi)...
Quand j'étais ado, je ne faisais rien sans mes copines, je me sentais vulnérable quand j'étais seule. Et quand j'ai habité toute seule, je n'ai pas vraiment eu le choix. Surtout que j'étais plus solitaire que sociable.
Donc, ça c’est fait petit à petit, en testant mes limites, à mon rythme. Plus j’ai fait un truc, moins il me faisait peur.

Et puis danser en public, regarder les gens dans les yeux, faire de nouveaux trucs, le changement, déménager…

Donc l’idée c’est d’arrêter une seconde de voir ce qui ne va pas, les raisons pour lesquelles ça pourrait être mieux. Et de voir tout ce que j’ai déjà fait. Comme une bonne copine qui te dirait : « mais arrête un peu de te plaindre, tu as déjà fait plein de choses, c’est super, je te félicite ! ». Donc ouais, l’idée est d’être ami avec soi-même. (parler tout seul reste optionnel)

La deuxième idée est de se dire qu'on n’est pas seulement peureux. On est plus courageux qu’on ne le croit. Reprenons notre échelle à nous, pas l’échelle de la société (on s’en fout de ça). Rappelons-nous tous les moments où on a dépassé nos peurs et félicitons-nous pour ça. Et réalisons qu’on est toujours entiers. Dans le meilleur des cas on est plus forts. Dans le pire des cas on n'est pas cassé.


On n’est pas si fragiles. On est même plutôt costauds !! (OK ??)


samedi 14 novembre 2015

Je veux me rappeler. Le choc, le réveil, le lien.

Je vais faire quelque chose que je ne voulais pas faire : écrire sous le coup de l’émotion. On dit que l’émotion est mauvaise conseillère. C’est comme tout, ça dépend de ce que l’on en fait.

Je veux me rappeler de ces émotions. Parce qu’elles passeront. Avec le temps…

Ces émotions c’est ce qui nous rend humain, c’est ce qui fait parfois notre faiblesse mais aussi notre force.

Mon émotion principale en ce moment, depuis hier soir, c’est celle d’appartenir à un tout. C’est celle du lien. Une personne est blessée, je souffre avec elle. Et bien sûr que les gens souffrent tous les jours, partout. Mais je ne m’en suis vraiment rendue compte que ce soir. C’est important, je veux me rappeler de cela.

Je ne pensais pas aborder la thématique de ma peur de la mort aussi vite sur ce blog. Tant pis. C’est sur cette peur que se base la stratégie de ces assassins. Et qu’elle est puissante cette peur.

Ce qui me fait peur ce serait d’avoir vécu mais pas assez. De ne pas avoir assez bu à cette fontaine, de ne pas avoir assez profité de ce soleil, de ne pas assez être allé à la rencontre des autres.

Et cette nuit, cette confrontation à la mort violente, cet avenir sombre qui se dessine déjà, ça m’a choqué. Au bon sens du terme, au sens d’un électrochoc, comme un réveil. Comme un « Mais qu’est-ce que tu fous, là ?? ».

C’est bête mais j’ai appelé Thomas sur le live de l’Originale. Parce que j’avais envie de dire des choses à quelqu’un, j’avais envie que quelqu’un entende mes mots, même si ces mots étaient brouillons, et qu’ils fassent sens chez lui, et qu’ils fassent choc. J’ai eu envie d’avoir une voix, même si cette voix était tremblante, pour toucher quelqu’un. J’ai eu envie de créer du lien.

Et j’ai posté un message sur Facebook, chose que je ne fais que très rarement. Pour la même raison. En me disant que si je ne dis rien, mes mots resteront en moi, personne n’aura jamais la possibilité d’en être touché, et c’est ce qui serait le plus triste.

J’ai envie de me rappeler de ce réveil. De ce moment où l’ego n’est plus si important, où la façon de dire les choses n’est plus si importante, où seul compte le message, le cœur.

Quand j’avais 20 ans j’ai vécu un autre choc terrible, ma mère est morte. Je me suis effondrée, puis je me suis relevée, j’ai appris tellement de cet évènement. Je n’ai plus été la même depuis, j’ai l’impression d’être meilleure depuis, plus forte, un peu plus sage.

Je souhaite que cet évènement ait le même impact. Que le réveil dure. Que mon réveil touche au moins une autre personne. Que cette personne en touche une autre, etc. Je crois qu’il n’y a qu’en créant du lien que la vie vaut d’être vécue.


Je veux me rappeler de cela, pour que tout ça n’ait pas eu lieu pour rien, pour que cela ait un sens. A long terme.

jeudi 12 novembre 2015

Trouver des compromis sans se compromettre

(jeu de mot : check)


Micheline, ce mail, tu l’as envoyé finalement ?

En quelque sorte, j’ai trouvé un genre de compromis… pour que ce soit moins frontal.

Je fais toujours ça. J’essaye de trouve un compromis entre mon envie et ma peur. De négocier, poser mes conditions, trouver des manières de faire rassurantes. « Ok, je le fais, mais… »

Par exemple, ce blog c’est un compromis. Mon désir véritable c’est de m’exprimer pleinement, de m’assumer, d’assumer ma voix, de dire ce que je veux dire, d’être écoutée, regardée, et (si possible) appréciée. J’aurais adoré être capable de m’assumer complètement, de faire des vidéos avec ma tronche dessus, de faire du théâtre ou juste de m’exprimer simplement, sans retenue dans la vie de tous les jours. Mais j’en suis incapable, ça me tétanise.

Alors…

- 1er compromis : L’écrit

L’écrit, c’est le contrôle. C’est se relire, effacer, réécrire, inverser, ordonner, réfléchir, changer de point de vue, [insérer un verbe d’action]… Le bonheur !!

L’écrit c’est un peu l’anonymat aussi. Même si je donnais mon vrai nom, même si je mettais des photos de moi, ça resterait flou, impersonnel. C’est moi mais ce n’est pas trop moi, ça peut être n’importe qui. (Le nombre de livres écrits par d’autres personnes que les auteurs…) Alors ça va, ça ne fait pas trop peur.

Et puis l’écrit c’est une temporalité différente. On prend son temps, on se pose, on fait moins de bourdes, moins d’erreurs, moins de choses nous échappent. Bref, on revient au premier point : c’est plus le contrôle, moins la spontanéité.

2ème compromis : Internet

Bon, internet ça n’a pas que des bons côtés. Tu laisses quand même une trace indélébile que le monde entier peut, potentiellement, voir. Et tu peux facilement avoir l’impression de crier tout seul dans la montagne… Tout le monde t’entend mais personne ne te répond. (Normal, tout le monde est trop occupé à crier de son côté) Ouais, internet ça a des côtés durs.

Mais, internet = anonymat (on y revient, décidément). Enfin, pas pour tout le monde. D’ailleurs, moi la première, je suis fascinée par les gens qui se montrent, qui se créent un personnage, qui se mettent en scène. Et le paradoxe c’est qu'à priori, je préfère même lire quelqu’un en ayant en tête son nom et/ou sa tête que lire un anonyme. (Identification, tout ça tout ça…) Mais pour moi, impossible. Donc je mets un masque, celui de Micheline, et roulez jeunesse, je peux dire ce que je veux (même "roulez jeunesse").

Anonymat de moi, mais aussi anonymat de toi. C’est-à-dire qu’il m’est quand même plus facile de m’exprimer sans avoir un groupe de personnes face à moi, dans leur individualité, les expressions de leur visage, de leur corps, de leur regard… Je sais que je suis lue (et encore, à quel point, je n’en ai pas la moindre idée) mais en même temps, je ne le sais pas.

Et puis, quand même, internet = contrôle aussi. Parce que je peux un peu décider des gens à qui je parle du blog, décider d’avoir un lectorat bienveillant. A mon échelle, internet n’est pas trop inquiétant. Navie, dans un marché parlé, parlait de choisir ses amis, ici il est question de choisir son lectorat…

3ème compromis : Le sujet du blog

Et là, c'est bizarre, à priori je n'ai pas choisi la facilité. Parce que c’est moi, le sujet. Je parle de moi. Sur internet. J’ai choisi de parler de mes failles, de mes difficultés, de mes peurs. Un sujet assez intime, donc. Sur internet. Mais qu’est-ce qui m’a pris ?? 


Parler de mes paires de chaussures (ça aurait été vite fait : converses et bottines, merci et au revoir) aurait sans doute été plus sage. Mais j’ai choisi le JE, l’introspection. Parce que c’est ce que j’aime le plus lire, ce qui me passionne le plus. Et j’ai l’impression que c’est ce dont je suis le plus à même de parler.

J’ai récemment écrit un article sur autre chose que moi-même (ce qui m’a permis d’envoyer le mail que je n’avais pas envoyé), cet exercice m’a paru beaucoup plus difficile ! J’imaginais des gens qui connaissent mieux le sujet lire cet article, je trouvais mes adjectifs mal appropriés, mes phrases banales, l’impression de jouer à la pseudo-journaliste… J’ai trouvé ça moins juste.

Et enfin, sérieusement, faire un blog sur le fait de faire un blog c’est un peu de la triche, non ? C’est un non-sujet, c’est brasser du vent… Dans une conversation, ce serait très bizarre : « je ne sais pas de quoi je vais parler, alors je vais parler du fait que je ne sais pas de quoi je vais parler ». Mais la vérité c’est ça : je ne savais pas de quoi parler… Mais je savais que je voulais parler. Et parler de mes difficultés me paraissait plus facile, m’autorisait l’échec, l’erreur. Me permettait de tout tourner en article potentiel ! Le génie !! (me suis-je dit, alors)

Donc, oui, je me justifie, je me dédouane, je fais un blog sans en faire un, je me montre sans me montrer… J’avance d’un pas, je recule de deux… Mais il vaut mieux faire ça que ne rien faire, non ?? Et puis on avait bien dit que tout ça était une histoire de pas de danse… ;)


vendredi 6 novembre 2015

Un genre de guide pour aider la prise de décision

Bon, Micheline, moi j’ai rien compris à ton histoire de le sentir ou pas si on a envie/peur de faire un truc…

Ok, c’est vrai que s’écouter c’est pas comme écouter une émission de radio, c’est loin d’être limpide, la solution ne saute pas aux oreilles (D’ailleurs, c’est moins une question d’oreille que de tripes). 
L'intellectualisation n'est pas forcément nécessaire, mais si on ne peut pas l'éviter, elle peut vite dégénérer. On se perd alors dans ses réflexions, ses questions, ses réponses, ça va à 1000 à l’heure, ça part dans tous les sens et on en sort plus paumé qu’au départ (enfin, pour moi ça se passe comme ça, en général).

 Donc, toujours dans le cas où on a envie/peur de faire un truc et où on ne sait pas quelle décision prendre, j’ai pensé à quelques questions qui pourraient éventuellement servir de balises dans la réflexion. Histoire, justement, que ça ne parte pas dans tous les sens. Il me semble que ça peut s’appliquer aussi bien à des projets de vie qu’à des petites peurs du quotidien. Qui sait, ça peut peut-être aider un peu quelqu'un, une fois, quelque part…

Alors, à noter que ce ne sont absolument pas des questions rhétoriques pour vous pousser à vous lancer. (JUST DO IT !!!! non, non, pas forcément…) Pour chaque question la réponse peut aussi bien être oui que non. Mais il serait bon d’essayer d’être le plus sincère possible dans cette démarche. Pas de jugement, c’est juste vous avec vous-même (c’est déjà bien suffisant...). Enfin, comme dans les QCM, la première réponse est souvent la bonne.

Attention, préparez-vous, je vais enfoncer des portes ouvertes !! (au moins, ça fait pas trop mal…)


-            Est-ce que mon envie relève du fantasme ?

Ça, ça permet d’éviter une déception trop importante. Par exemple, quand j’ai voulu envoyer mon mail, je fantasmais une réponse du type : « Wahou mais c’est génial !! Je vais de suite faire un article pour vanter les mérites de ton blog !! » Donc, ce n’était pas très crédible, pas très réalisable, ma peur de ne pas avoir cette réponse était donc à peu près fondée.
Après, ce n'est pas forcément un mal, il y a des fantasmes qui sont déclencheurs. Qui valent quand même le coup de faire quelque chose. Le tout est d’en être conscient, mais pas dupe, et de prendre ce qui vient comme ça vient.

-            Est-ce que je dois me décider là, maintenant ?

Et là, il y a plusieurs possibilités et sous possibilités. (j’aurais presque pu faire un diagramme décisionnel... *o*)
Soit tu dois te décider dans un futur très proche. Genre : on te propose un job, et tu dois donner ta réponse demain. Auquel cas, le fait que l’opportunité ne se présentera pas deux fois peut peser dans la balance.
Soit tu n’as pas de limite de temps et là :
Soit tu y penses depuis longtemps, tu repousses la prise de décision mais ça ne sort pas de ton esprit. Auquel cas, il y a de fortes chances pour que ça ne sorte jamais de ton esprit.
Soit tu viens d’avoir cette idée. Auquel cas tu peux te donner le temps de la réflexion et surtout le temps de voir si cette envie reste ou s’en va.

-            Est-ce que je regretterais plus de faire cette chose ou de ne pas la faire ?

Sachant que là c’est un peu casse-gueule parce qu’il faut essayer de faire abstraction des exagérations que peut produire une anticipation excessive, générée justement par la peur.
Et puis sachant aussi que parfois on peut se tromper et penser qu’on regrettera alors qu’en fait pas du tout (et vice et versa).
Mais bon, on va essayer de faire simple et de rester sur du court terme. Projette-toi dans le moment juste après avoir fait ce qui te fait peur/envie (appuyé sur le bouton, enclenché tel processus…). Le premier truc qui te vient en tête : « Et merde» ? « Bof tant pis » ?  « On verra plus tard » ? « On mange quoi ce soir ? »… Puis imagine-toi juste après avoir pris la décision de ne pas le faire. Réitère l’opération. (j’ai l’impression de faire un DIY)


-            Est-ce que dépasser ma peur me donnera une satisfaction compensant le désagrément ?

Là aussi, on est dans l’anticipation. Donc bla bla bla, possibilité de se tromper, bla bla bla, attention aux scénarios générés par la peur.
Le barbu paradoxal disait dans un commentaire que sans peur, pas d’enjeu. Et je rajouterais : Sans enjeu pas de fierté. Sans fierté moins de plaisir. (j’imagine que c’est la raison pour laquelle les gens apprécient les attractions à sensation…)
Imagine la sensation de peur au moment de faire le truc (le ventre qui se tord, la nuque qui picote, la sueur, le cœur qui bat, rajoute ce qui te fait plaisir) et imagine la sensation de plaisir après l’avoir fait (le soulagement, la légèreté, la sensation de puissance, la valorisation, que sais-je, ou rien…). 
Par exemple, dans le cas des attractions à sensation, personnellement, je sais que ça ne me donnera pas assez de plaisir comparé à l'angoisse que ça me fera ressentir.

Si tu as d’autres pistes de réflexion, si tu n’es pas d’accord avec certaines questions, si ça t’a aidé, si ça ne t’a pas aidé, si tu aimes le nouveau look de mon blog, si tu ne l'aimes pas… Commente donc !




mardi 3 novembre 2015

Le bouton sur lequel je n'ai pas appuyé

Bon, Micheline, c’est bien beau de donner des conseils à tout va, mais moi je croyais qu’on était là pour parler de la création du blog ?

Hm, oui c’est vrai, on ne peut rien te cacher. Mais mes conseils ils étaient inspirés d’une expérience liée à ce blog ! (jte jure !!)

Ok, alors raconte, tu parlais de quoi dans ton dernier article ? (à part de danse et de saumon)

Bon, visiblement, il faut que je rajoute une peur à ma liste : Me dévoiler. Ce qui est compliqué quand on s’est pris soi-même comme objet d’étude. (heureusement, on n’est pas à un paradoxe près !) Faut croire que même sous couvert d’anonymat, ça picote un peu de se montrer sous un jour peu reluisant. Mais c’est le principe du blog alors on va essayer de la jouer finement…

Donc, on reprend le fil de l’histoire : je publie le premier article, en parle sur le forum de l’Originale (dont je sais la bienveillance infinie), je reçois quelque commentaires qui me remplissent de joie et tout à coup : silence radio. Je me dis alors que ce qu’il me manque c’est de la visibilité. Et je me dis aussi, si je suis honnête avec moi-même (et c’est si dur !!), que ce que je souhaite vraiment c’est que les gens que j’apprécie sur internet (qui, eux, ont une grande visibilité), voient mon blog, l’apprécient, le partagent et que leur lectorat voie mon blog, l’apprécie et le partage.

J’ai donc écrit un mail à une bloggeuse qui m’a beaucoup inspirée. Mais au moment d’appuyer sur le bouton « envoyer », j’ai décidé de ne pas le faire.

Pourquoi tu n’as pas appuyé sur le bouton, Micheline ?

Alors, on va essayer de ne pas trop analyser le pourquoi, parce que ça ne mène nulle part, et aussi (accessoirement) parce que je ne suis pas là pour faire mon analyse. Donc on va rester dans la description.

Ce mail est un peu bizarre, je n’arrive pas à formuler une demande, je me dédouane, je tourne autour du pot... 
"gnagnagna... je te suis depuis longtemps... gnagnagna" 
Je le relis, le modifie. Ce n’est toujours pas ça… 
"gnagnagna... j'ai fait un blog... gnagnagna"
Il y a quelque chose dans ce message qui est trop frontal. Je ne m'y reconnais pas. Ce mail, il sort de nulle part, il ne ressemble à rien.  Je me dis que, même moi, je n'y répondrais pas si je le recevais. 

Tout ça pour dire que ce mail, je ne l’assumais pas. Or, appuyer sur le bouton, sans être un minimum prêt à assumer les conséquences, ce n’est généralement pas une bonne idée… Et puis j'ai cette impression que, à cet instant-là, je regretterais plus d'envoyer ce mail, tel que je l'ai écrit, que de ne pas l’envoyer.

Pour faire simple, je ne l’ai pas senti. On pourrait rentrer dans l’intellectualisation, faire une liste des pour et des contre, se demander ce que ça représente pour moi (rassurez-vous, j’ai fait tout ça). Mais au final, c’est l’instinct qui fait tout. Tu ne le sens pas ? Ne le fais pas.

Tout ça pour dire ça, Micheline ?? Merci le conseil…

Oui, mais ça me parait important comme conseil. Parce qu’on nous abreuve de discours dans lesquels on nous incite à dépasser notre peur, à se lancer, à oser, à se bouger. On nous met tous dans le même sac, on nous propose des programmes, des étapes, des check-lists, des proverbes, des mantras…

Mais ces gens-là ne sont pas dans nos têtes. Ni dans nos corps. Et en fait, on ne peut compter que sur soi, sur ses sensations, sur son instinct.

Donc, ouais, mon conseil c’est ça : écoute-toi et fais-toi confiance. Tu ne le sens pas. Ne le fais pas. Et ne culpabilise pas de ne pas l’avoir fait. Mais fais autre chose, que tu sens bien.


Genre des pâtes…


samedi 31 octobre 2015

L'envie, la peur, l'indulgence et les saumons

Micheline, est-ce qu’il n’y aurait pas un lien ambivalent entre la peur et l’envie ?

En effet, la peur et l’envie sont souvent les deux faces d’une même pièce. Ici, j’ai eu très envie d’avoir un blog, d’être lue. Mais c’est exactement ce qui me faisait très peur.

De manière plus extrême, on dit que le vertige vient de l’attrait des gens vers le vide.

Alors, ça ne marche pas à tous les coups, par exemple, là, maintenant, je n’ai pas spécialement peur de manger une part de fondant au chocolat (non, même pas peur). Mais en même temps, l’enjeu est limité dans ce cas-là. Or, avec l’envie vient l’enjeu, puis vient la peur.

Comment on gère cette ambivalence ?

J’imagine l’envie comme une force d’attraction et la peur comme une force de répulsion. Ces deux forces s’articulent dans une sorte de danse entre notre désir et nous.

(Beyoncé est d'accord)

« Nous tournons autour de nos désirs d’avantages que nous les contrôlons »*. Nous tournons, nous nous en approchons, puis nous nous en éloignons. En tout cas, il ne s’agit pas d’une ligne droite vers le désir. Ce n’est pas si simple.

Or, personnellement, je suis assez exigeante envers moi-même (envers les autres aussi, mais c'est une autre histoire). Le discours « Y.O.L.O. »** peut avoir, sur moi, un effet angoissant. Voire culpabilisant. Genre : "Quoi ? Tu n’oses pas escalader l’Everest alors que c’est ton rêve ? Mais tu passes à côté de ta vie !! Réfléchis pas et fonce !! Fonce sur l’autoroute vers ton désir !!" (Ahem...)

Sauf qu’il y a juste un petit hic, oh pas grand-chose, juste cette massive angoisse tétanisante. Plus forte que l’idée rationnelle qu’il ne faut pas perdre de temps parce que la vie est courte et qu’on ne vit qu’une fois. Et on est alors les premiers à se basher, à se traiter de lâche, à déprimer, à angoisser encore plus.

Soyons donc un peu indulgents avec nous-même. On a des failles, on fait du mieux qu’on peut, on n’est pas des super-héros. Et, oui, parfois la peur est si monumentale qu’elle surpasse l’envie qui la motive. Et ce n’est pas grave. Ce qui serait grave c’est de se faire violence, de se jeter dans un idéal angoissant pour réaliser son rêve à tout prix et de se laisser dévorer par une panique incontrôlable.

Alors, attention, avoir des rêves c’est bien, c’est sain. Mais un peu de frustration aussi c’est sain. Et qui sait, peut-être que par des chemins détournés, au détour d’un pas de danse, d’envie accessible en peur gérable, on atteindra notre idéal par des voies inattendues…

Mais en gros, l’idée, c’est de s’écouter. Faire le rapport envie/peur. Savoir que ce rapport bouge, ça évolue, ça danse. Sentir dans quel sens nous porte le courant, donner un petit coup de rame si un rocher nous bloque. Et pas s’épuiser à contre-courant, les yeux rivés sur l'objectif. Remonter le courant, les saumons le font très bien. Nous, moyen.

(et encore, parfois il se prennent des ours)

*Jean-François Vézina, Danser avec le chaos
** You only live once (= on ne vit pas dans un jeu vidéo)