vendredi 22 avril 2016

Du plaisir d'envoyer ses contraintes se faire cuire un oeuf

Bon, Micheline, on termine sur le sujet des contraintes et après on revient à la peur, ok ?

Oui, oui, on verra…

L’échange que vous venez de lire est l’exemple même de quelqu’un qui essaie de se lâcher la grappe. Cette tentative sera-t-elle un succès ? Suite au prochain épisode.


(oui, je vous ai fait la blague de « ça y est l’article est fini, c’était court hein ?? »)

Resituons le contexte, si vous le voulez bien. Je suis une personne à to-do list. Sur un post-it, dans mon portable, dans un carnet, peu importe. Des listes, des listes, des listes de choses à faire, à rayer, à checker. Il y a les listes concrètes, type :

-  Faire le ménage
-  Ecrire article
- Arroser plantes
-  Faire masque pour cheveux
-  Faire les courses
-  Aller au ciné
- Méditer
-  Faire ma déclaration d’impôts


Dans cette liste, certains items sont réellement des obligations (malgré ce que j’aimerais me faire croire) ou en tout cas elles le sont pour ma sécurité judiciaire. D'autres sont des suggestions fortement recommandées par ma santé mentale (vis à vis de laquelle j'estime avoir une responsabilité)
D'autres, enfin... bon... ne sont pas forcément nécessaires.
Vous aurez remarqué (car vous êtes perspicaces) que « aller au ciné » est dans ma liste. Le divertissement est donc passé au rang de contrainte le jour où j’ai vendu mon âme au diable pris une carte illimitée.

Et il y a les listes que je n’écris pas mais qui sont plus abstraites, plus flottantes dans ma vie et dans ma tête. Ça donnerait un truc du genre :

-  Etre épanouie
-  Etre jolie
- Avoir l'air d'une fille
- Ne pas trop avoir l'air d'une fille
- Plaire aux autres
- Me plaire
-  Peser dans le game (pour autant que ça veuille dire quelque chose)
-  Rentrer dans la case
-  M’amuser
-  Etre sérieuse
-  Avoir l’air cool, en toute circonstance (pire façon d’avoir l’air cool…surtout quand on a écrit cette liste)

Et j’ai bien l’intention de tout checker parce que je suis sérieuse (check).


On peut donc aisément conclure que la contrainte fait partie intégrante de ma vie. Qu’elle vienne de l’extérieur, de moi-même, de moi qui aie intégré l’extérieur (ou d’une quelconque instance supérieure), j’ai toujours un truc à faire, un truc sur le feu. Toujours un truc à améliorer, à jauger, à juger.

Le problème des dites contraintes (en plus du fait d’être inépuisables et inévitables) c’est qu’elles mènent assez rapidement à la culpabilité. La  procrastination ? Très peu pour moi. Ou alors elle est vraiment très peu confortable (comment ça, c’est le principe de la procrastination ?). Or, moi, je vous rappelle que je cherche le confort.

Et puis, un soir où je glandais, j’ai essayé de profiter, de me lâcher la grappe. De ne pas me dire que je devrais écrire un article parce que ça fait 1 semaine que je n’ai rien écrit ou que je devrais prendre mes billets de train parce qu’ils vont être plus chers ou que je devrais être sortie parce qu’on est vendredi soir et que « qu’est-ce que je fous là, à perdre mon temps ?? ».

Juste mater Buffy en checkant internet, en buvant une tisane, bien dans mon canap, enfoncée jusqu’au cou dans le confort matériel et –j’ose le dire- psychique. Chill, pépouze, oklm, soupir de contentement.

J’en aurais roucoulé de plaisir. (si j’avais été un pigeon).

Tout ça pour dire que, certes, les contraintes sont inévitables mais que réserver des moments pour les mettre entre parenthèses offre un réel plaisir et un profond soulagement.

Oui, en reformulant c’est bien ça : se contraindre à mettre de côté la contrainte. Pour l’instant j’ai que ça. (et c’est un peu le principe de la méditation, by the way)


Bref…
(cette personne est l'actrice qui jouait Sabrina, l'apprentie sorcière. 
On peut se quitter là dessus sans regret)

dimanche 10 avril 2016

Atterrissage forcé dans un trou d'aiguille

Yo, Micheline, ça gaze ?

Ça farte pas mal et toi ?

Oui, merci. On parle de quoi aujourd’hui ?

Les mots-clefs du jour sont : contraintes, surmoi, exigences à tire-larigot, perfection. Et je ne sais pas très bien dans quel ordre.

Globalement, ce sont ces moments durant lesquels tu n’arrives pas à aboutir à quelque chose parce que ce n’est jamais assez bien. Que ça ne plaira pas à untel. Que ce n’est pas ça, ce n’est pas exhaustif, ce n’est pas parfait.

Globalement, c'est donc cette partie de moi qui juge durement ce que je fais (aussi appelé Surmoi ou SuperNanny selon tes rèf) et surtout les moments où cet aspect part complètement en couille et me perd largement en cours de route.




Ok, un exemple. Cet article. Il n’est pas terrible et j’ai eu beaucoup de mal à l’écrire parce que je l’écrivais, je le relisais, je le critiquais (pour une raison x), le réécrivais, le trouvais encore plus mauvais (pour une autre raison y) et je l’effaçais (pour une raison z)

Et, allez, un 2ème exemple (cadeau) : trouver une tenue pour une occasion spéciale (type représentation sociale : mariage, baptême, enterrement, brevet des collèges…). Je choisis une robe puis me dis que ça ne va pas plaire à [membre de la famille quelconque] alors je change pour un short et je me dis que ça fait trop [adjectif quelconque] alors je change et je me rends compte que ça ne me plait pas à moi… Alors je pleure (parce que je suis mature).

Dans les deux cas je me complique la vie à mort (la vie à mort… ça ferait une bonne chanson d’Obispo, ça). Trop ceci, pas assez cela. Un peu à gauche, non un chouïa à droite. (Redresse, bon sang redresse !!)




C’est-à-dire que j’ai l’impression de devoir faire atterrir un boeing dans un trou d’aiguille (il parait qu’on dit un chas) avec une marge de manœuvre ridiculement petite et pas le droit à l’erreur. Et qu’en plus ce chas d’aiguille bougerait. 

Tu l’auras compris, c’est impossible, et on va voir pourquoi (encore plus, je veux dire).

En soi, Micheline, c’est pas forcément un problème, c’est bien d’être exigeant avec soi-même…

Il y a quand même quelques petits inconvénients quand cette exigence s’emballe et n’est plus dictée que par la peur… Parce qu’alors je me rends compte que ces contraintes qui constituent ma check-list de l'angoisse, elles sont :

-          Infinies. Il y en aura toujours de nouvelles. Comme l'univers, mon surmoi semble avoir une capacité d'expansion perpétuelle (oui, mon surmoi est comme l'univers...)Il est donc sans limite pour trouver ce qui ne va pas ou la façon dont une chose pourrait être améliorée. Donc à ce rythme là, il sera plus rapide de vider l’Atlantique à la petite cuillère (pour le mettre où, je n’en ai pas la moindre idée) que de réussir à être satisfaite.

-          Changeantes. Histoire que ce soit vraiment impossible de rentrer dans ce chas d’aiguille... ce qui sera un jour un critère super positif sera, le lendemain, le pire des critères négatifs. Donc la case absurdement petite dans laquelle j'essaie d'atterrir change, en plus, sans arrêt de place. Génial comme casse-tête ! Ce qui fait que je ne m’ennuie jamais quand je suis dans cet état d’esprit. (Super !!)



-          Inévitables. Au bout d’un moment (quand même) je me dis : « ras la couenne des contraintes, je reviens à l’essentiel, à ce qui fait sens au départ, ce qui me parle. » Et… je n’y arrive pas !! J’ai si bien intériorisé ces exigences extérieures que je suis incapable de savoir ce qui me plait réellement à moi… Je le vis même comme la contrainte ultime ! Et comme il m’est impossible de la satisfaire, je ne vous cache pas que mon estime de moi descend en flèche (comme mon boeing, qui s’écrase).

Donc on récapitule (et on souffle un coup) : quand l’angoisse prend le dessus, les impératifs se téléscopent, se contredisent, se multiplient, s’articulent dans un brouhaha étrangement organisé mais contre-productif et impossible à contenter. Et (parce que ce serait trop simple) quand on essaie d’en sortir, on rajoute une couche supplémentaire à ce blocage.

Pour l’instant on va arrêter là le désastre constat. Pas de conseil, parce que ce serait rajouter un niveau supplémentaire à ce surmoi tyrannique. Mais déjà constater, c’est déjà pas mal, non ?


Tschüss ! (like si toi aussi t'as fait allemand LV1)