Bonsoir, Micheline.
Oh, salut ! Tu sais, la
dernière fois je disais que je n’avais pas de propos intéressant ?
Oui…
Eh bien, j’ai un propos.
C’est une vraie peur, que je
connais bien, qui est présente en filigrane sur ce blog, qui a presque toujours
été là. On n’est pas dans du blabla d’intellectualisation de gnagnagna mais
dans du constat, dans la description la plus précise possible d’un ressenti. (et
surtout on n’est pas, mais vraiment pas, dans le jugement d’aucune sorte)
C’est l’angoisse d’aller au lit.
Ou l’angoisse du soir. Déjà, il y a ce mot « soir » qui en lui-même
me file le bourdon. Voir la nuit arriver me serre toujours un peu le ventre. C’est
mon corps qui se tend, me dit qu’il y a quelque chose qui cloche, qui sonne mal, qui
crisse. Mon ventre qui se rétracte, je commence à bourdonner. L’inconfort dans
mon corps, un énervement dans mes jambes.
C’est de l’angoisse et une vague
tristesse. Une mélancolie inquiète.
J’en ai déjà un peu parlé ici et
ici. C’est pour ça que j’ai besoin d’un doudou. Pour ne pas voir mon inquiétude
qui grandit en même temps que le jour décline.
Bien sûr c’est enfantin.
« J’ai pas envie d’aller dormir. J’ai peur. » J’avais peur des
fantômes mais pas seulement. J’avais peur de cette angoisse (ouiiii, la peur de
l’angoisse, combo gagnant !) qui prend la gorge, tord le visage et fait
compter les minutes. Angoisse flottante qui, l’imagination aidant, prend ensuite
la forme de tout un tas de choses aussi malveillantes qu’inquiétantes, très
sûrement tapies dans le noir.
and I was like
Il y a quand même une différence
par rapport à la petite fille que j’étais (j’ai envie de dire ouf) c’est qu’aujourd’hui
je m’endors vite. Je repousse le moment d’aller me coucher mais quand j’y suis,
en général, je savoure le confort de la position allongée, entre le matelas et
la couverture, explosée sur l’oreiller. Le repos du guerrier !
Non, c’est l’avant qui pose
problème. La phase de négociation. Le : « encore 5 minutes… encore
une vidéo… encore un tour sur twitter » jusqu’au moment où je me fous un
coup de pied au cul. (la peur d’être fatiguée le lendemain aide pas mal,
heureusement)
Pourquoi tu as peur d’aller dormir,
Micheline ?
Sans suranalyser, il y a plusieurs
sensations, s’enchevêtrant, l’intensité de chacune variant selon les soirs (il
y a aussi des soirs où ça va, merci) :
- Il
y a le renoncement. Le fait de dire : allez, ça suffit pour aujourd’hui,
rien de plus (rien de mieux ?) ne se passera dans cette journée. On ferme
le livre, on rabat l’ordi, on éteint la lumière, on tire le rideau.
- Le
fait d’être confronté à soi-même. On éteint tout et qu’est-ce qu’il reste ?
Moi. Et le silence. C’est plus ou moins facile.
- La
fin (la typo en gras c'est pour la facilité de lecture pas pour l'effet dramatique, promis). Simplement. La fin de la journée. Une journée, une vie* c'est le titre d’un
livre qui m’a beaucoup marqué (je le conseille vivement à tout le monde). Alors
bon, si une journée c’est une vie, autant vous dire que terminer la journée est
un peu (ahem) compliqué.
Je n’ai pas de conseil à donner
(les conseils me gonflent !!). Pas de conclusion à tirer. Juste un partage
d’expérience, en ce moment je redécouvre cette peur. Je l’apprivoise, j’essaie
de mieux la connaitre, mieux la ressentir. Alors je trouvais ça intéressant
d’en parler ici.
Ok, peut-être que la nouveauté (je
n’ai pas dit conseil, hein !) ce serait ça : juste écouter sa peur.
Pour changer. Elle a quel son ? De quelle façon apparaît-elle ?
Comment est-ce qu’elle résonne dans notre peau ? Non pas l'observer froidement mais tenter de la vivre, avec douceur et curiosité.
Et c’est tout.
(et c'est pas simple)
*Une journée, une vie. Fragments de sagesse dans un monde fou. Marc de Smedt