vendredi 29 juillet 2016

Le soir, je bourdonne.

Bonsoir, Micheline.

Oh, salut ! Tu sais, la dernière fois je disais que je n’avais pas de propos intéressant ?

Oui…

Eh bien, j’ai un propos.



C’est une vraie peur, que je connais bien, qui est présente en filigrane sur ce blog, qui a presque toujours été là. On n’est pas dans du blabla d’intellectualisation de gnagnagna mais dans du constat, dans la description la plus précise possible d’un ressenti. (et surtout on n’est pas, mais vraiment pas, dans le jugement d’aucune sorte)

C’est l’angoisse d’aller au lit. Ou l’angoisse du soir. Déjà, il y a ce mot « soir » qui en lui-même me file le bourdon. Voir la nuit arriver me serre toujours un peu le ventre. C’est mon corps qui se tend, me dit qu’il y a quelque chose qui cloche, qui sonne mal, qui crisse. Mon ventre qui se rétracte, je commence à bourdonner. L’inconfort dans mon corps, un énervement dans mes jambes.

C’est de l’angoisse et une vague tristesse. Une mélancolie inquiète.

J’en ai déjà un peu parlé ici et ici. C’est pour ça que j’ai besoin d’un doudou. Pour ne pas voir mon inquiétude qui grandit en même temps que le jour décline.

Bien sûr c’est enfantin. « J’ai pas envie d’aller dormir. J’ai peur. » J’avais peur des fantômes mais pas seulement. J’avais peur de cette angoisse (ouiiii, la peur de l’angoisse, combo gagnant !) qui prend la gorge, tord le visage et fait compter les minutes. Angoisse flottante qui, l’imagination aidant, prend ensuite la forme de tout un tas de choses aussi malveillantes qu’inquiétantes, très sûrement tapies dans le noir.

and I was like

Il y a quand même une différence par rapport à la petite fille que j’étais (j’ai envie de dire ouf) c’est qu’aujourd’hui je m’endors vite. Je repousse le moment d’aller me coucher mais quand j’y suis, en général, je savoure le confort de la position allongée, entre le matelas et la couverture, explosée sur l’oreiller. Le repos du guerrier !

Non, c’est l’avant qui pose problème. La phase de négociation. Le : « encore 5 minutes… encore une vidéo… encore un tour sur twitter » jusqu’au moment où je me fous un coup de pied au cul. (la peur d’être fatiguée le lendemain aide pas mal, heureusement)

Pourquoi tu as peur d’aller dormir, Micheline ?

Sans suranalyser, il y a plusieurs sensations, s’enchevêtrant, l’intensité de chacune variant selon les soirs (il y a aussi des soirs où ça va, merci) :

-  Il y a le renoncement. Le fait de dire : allez, ça suffit pour aujourd’hui, rien de plus (rien de mieux ?) ne se passera dans cette journée. On ferme le livre, on rabat l’ordi, on éteint la lumière, on tire le rideau.



-  Le fait d’être confronté à soi-même. On éteint tout et qu’est-ce qu’il reste ? Moi. Et le silence. C’est plus ou moins facile.

-  La fin (la typo en gras c'est pour la facilité de lecture pas pour l'effet dramatique, promis). Simplement. La fin de la journée. Une journée, une vie* c'est le titre d’un livre qui m’a beaucoup marqué (je le conseille vivement à tout le monde). Alors bon, si une journée c’est une vie, autant vous dire que terminer la journée est un peu (ahem) compliqué.

Je n’ai pas de conseil à donner (les conseils me gonflent !!). Pas de conclusion à tirer. Juste un partage d’expérience, en ce moment je redécouvre cette peur. Je l’apprivoise, j’essaie de mieux la connaitre, mieux la ressentir. Alors je trouvais ça intéressant d’en parler ici.

Ok, peut-être que la nouveauté (je n’ai pas dit conseil, hein !) ce serait ça : juste écouter sa peur. Pour changer. Elle a quel son ? De quelle façon apparaît-elle ? Comment est-ce qu’elle résonne dans notre peau ? Non pas l'observer froidement mais tenter de la vivre, avec douceur et curiosité. 

Et c’est tout. 

(et c'est pas simple)


*Une journée, une vie. Fragments de sagesse dans un monde fou. Marc de Smedt

samedi 16 juillet 2016

Pousse

Je n’arrive plus à écrire.

Pourtant j’en ai envie, y pense, commence. Mais je n’ai pas de propos. Pas de conseil, pas d’anecdote, pas de réflexion qui vaille la peine d’être développée.

Par contre, j’ai envie de parler de mes pousses. J’ai semé des graines de thym, basilic et ciboulette (les trois fantastiques des herbes aromatiques) dans une jardinière que j’ai accrochée à ma fenêtre.  J’ai arrosé, précautionneusement, en mettant mon pouce devant le bec de mon arrosoir pour ne pas faire bouger les graines. Plusieurs fois par jour, parce qu’il a fait chaud la semaine dernière. J’ai mis un point d’honneur à garder la terre humide malgré la chaleur.


Et ça a percé. Un point vert sous la terre. Joie ! Miracle ! Le vert se fraye un chemin petit à petit. Pousse la terre pour éclore. La ciboulette est un peu à la traîne mais elle s’y est mise aussi.


Et il a fait plus froid cette semaine. Alors j’ai rentré ma jardinière la nuit, peur que mes fragiles pousses ne prennent un coup de froid. Et au premier rayon de soleil je leur fais reprendre l’air.

Chaque jour est une découverte, je n’ai jamais été aussi souvent à ma fenêtre. Avec autant d’impatience.

Je continue de les arroser, amoureusement.

Même si j’ai peur des pigeons, je ne vous le cache pas.