Micheline, ce mail, tu l’as envoyé finalement ?
En quelque sorte, j’ai trouvé un genre de compromis… pour
que ce soit moins frontal.
Je fais toujours ça. J’essaye de trouve un compromis entre
mon envie et ma peur. De négocier, poser mes conditions, trouver des manières
de faire rassurantes. « Ok, je le fais, mais… »
Par exemple, ce blog c’est un compromis. Mon désir véritable
c’est de m’exprimer pleinement, de m’assumer, d’assumer ma voix, de dire ce que
je veux dire, d’être écoutée, regardée, et (si possible) appréciée. J’aurais
adoré être capable de m’assumer complètement, de faire des vidéos avec ma
tronche dessus, de faire du théâtre ou juste de m’exprimer simplement, sans
retenue dans la vie de tous les jours. Mais j’en suis incapable, ça me
tétanise.
Alors…
- 1er compromis : L’écrit
L’écrit, c’est le contrôle. C’est se relire, effacer,
réécrire, inverser, ordonner, réfléchir, changer de point de vue, [insérer un
verbe d’action]… Le bonheur !!
L’écrit c’est un peu l’anonymat aussi. Même si je donnais
mon vrai nom, même si je mettais des photos de moi, ça resterait flou, impersonnel.
C’est moi mais ce n’est pas trop moi, ça peut être n’importe qui. (Le nombre de
livres écrits par d’autres personnes que les auteurs…) Alors ça va, ça ne fait
pas trop peur.
Et puis l’écrit c’est une temporalité différente. On prend
son temps, on se pose, on fait moins de bourdes, moins d’erreurs, moins de
choses nous échappent. Bref, on revient au premier point : c’est plus le
contrôle, moins la spontanéité.
2ème compromis : Internet
Bon, internet ça n’a pas que des bons côtés. Tu laisses quand
même une trace indélébile que le monde entier peut, potentiellement, voir. Et tu
peux facilement avoir l’impression de crier tout seul dans la montagne… Tout le
monde t’entend mais personne ne te répond. (Normal, tout le monde est trop
occupé à crier de son côté) Ouais, internet ça a des côtés durs.
Mais, internet = anonymat (on y revient, décidément). Enfin,
pas pour tout le monde. D’ailleurs, moi la première, je suis fascinée par les
gens qui se montrent, qui se créent un personnage, qui se mettent en scène. Et le paradoxe c’est
qu'à priori,
je préfère même lire quelqu’un en ayant en tête son nom et/ou sa tête que lire
un anonyme. (Identification, tout ça tout ça…) Mais pour moi, impossible. Donc
je mets un masque, celui de Micheline, et roulez jeunesse, je peux dire ce que
je veux (même "roulez jeunesse").
Anonymat de moi, mais aussi anonymat de toi. C’est-à-dire
qu’il m’est quand même plus facile de m’exprimer sans avoir un groupe de
personnes face à moi, dans leur individualité, les expressions de leur
visage, de leur corps, de leur regard… Je sais que je suis lue (et encore, à quel
point, je n’en ai pas la moindre idée) mais en même temps, je ne le sais pas.
Et puis, quand même, internet = contrôle aussi. Parce que je
peux un peu décider des gens à qui je parle du blog, décider d’avoir un
lectorat bienveillant. A mon échelle, internet n’est pas trop inquiétant.
Navie, dans un marché parlé, parlait de choisir ses amis, ici il est question
de choisir son lectorat…
3ème compromis : Le sujet du blog
Et là, c'est bizarre, à priori je n'ai pas choisi la facilité. Parce que c’est moi, le sujet. Je parle de moi. Sur internet. J’ai
choisi de parler de mes failles, de mes difficultés, de mes peurs. Un sujet
assez intime, donc. Sur internet. Mais qu’est-ce qui m’a pris ??
Parler de
mes paires de chaussures (ça aurait été vite fait : converses et
bottines, merci et au revoir) aurait sans doute été plus sage. Mais j’ai choisi le JE, l’introspection.
Parce que c’est ce que j’aime le plus lire, ce qui me passionne le plus. Et j’ai
l’impression que c’est ce dont je suis le plus à même de parler.
J’ai récemment écrit un article sur autre chose que moi-même
(ce qui m’a permis d’envoyer le mail que je n’avais pas envoyé), cet exercice m’a
paru beaucoup plus difficile ! J’imaginais des gens qui connaissent mieux
le sujet lire cet article, je trouvais mes adjectifs mal appropriés, mes
phrases banales, l’impression de jouer à la pseudo-journaliste… J’ai trouvé ça
moins juste.
Et enfin, sérieusement, faire un blog sur le fait de faire un blog c’est
un peu de la triche, non ? C’est un non-sujet, c’est brasser du vent… Dans
une conversation, ce serait très bizarre : « je ne sais pas de quoi
je vais parler, alors je vais parler du fait que je ne sais pas de quoi je vais
parler ». Mais la vérité c’est ça : je ne savais pas de quoi parler…
Mais je savais que je voulais parler. Et parler de mes difficultés me
paraissait plus facile, m’autorisait l’échec, l’erreur. Me permettait de tout
tourner en article potentiel ! Le génie !! (me suis-je dit, alors)
Donc, oui, je me justifie, je me dédouane, je fais un blog
sans en faire un, je me montre sans me montrer… J’avance d’un pas, je recule de
deux… Mais il vaut mieux faire ça que ne rien faire, non ?? Et puis on
avait bien dit que tout ça était une histoire de pas de danse… ;)
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