Alors, Micheline, on fait comment
pour pas se laisser bouffer par la panique ?
Rappelons d'abord que, de toute façon, panique il y aura (big up, maître Y.). Mais c'est vrai que si on pouvait trouver 2-3 astuces pour ça ne nous empêche pas de vivre, ce serait sympa.
Ensuite, précisons que (bien sûr) je ne vais absolument pas vous donner des règles absolues. Je suis moi-même loin d’avoir résolu ce problème et tous les conseils ne conviendront sans doute pas à tout le monde (voire à personne, si je suis vraiment à la ramasse). Donc fais ton marché, prends ce qui te parle, rajoute des astuces en commentaire, essaye, ajuste… C’est un processus loin d’être figé !
En fait, je pense qu’il faut d’abord
différencier deux types de situation :
1. La situation dans laquelle l’enjeu extérieur est objectivement important, tu ne peux alors pas te permettre de perdre les pédales (ex :
soutenance orale, entretien d’embauche, épreuve de Top Chef).
2. La situation dans laquelle tu te mets toi-même
la pression, mais dont les conséquences sont objectivement moins gênantes (ex :
parler à ton crush, rentrer dans une pièce pleine d’inconnus, rencontrer
Philippe Etchebest).
J’ai envie de commencer par le
deuxième cas. Dans celui-ci, tu as complètement le droit de partir en couille,
ça n’engage que ton honneur (et comme tu n’es pas un samouraï, ça va). Donc
pour t'en sortir sans larmes ni (trop de) diarrhée tu peux :
-
En rire, prendre le contre-pied (mais toujours avec
bienveillance envers toi-même)
Je sais, ce n’est pas facile, notre premier réflexe c’est
de nous dire qu’on est foutu, qu’on s’est grillé, que personne ne nous prendra
plus jamais au sérieux et on s’enfonce alors dans la spirale de l’autoflagellation.
Du coup on redoute que ce moment se reproduise. Du coup on évite la situation.
Du coup on se fatigue pour rien et on est frustré et pas content.
Mais, si on regarde ce moment avec humour et
tendresse pour soi-même, en se disant gentiment : « mais tu racontes
vraiment n’importe quoi, là, bichette ». Pourquoi le redouterait-on ?
Oui, tu as l’air ridicule, tu rougis, tu bafouilles, tu dis de la merde. Est-ce
que c’est grave ? Non. Est-ce que c’est drôle ? Très !
-
Prendre du recul, comprendre les mécanismes
physiques derrière ce comportement.
Les commentaires du dernier article
tournaient un peu autour de cette idée. Je pense que connaître la théorie de « qu’est-ce
qu’il se passe dans mon corps quand j’ai peur » peut être utile à
postériori (parce que sur le moment, honnêtement, tu as autre chose à penser). Après coup, ça peut peut-être te permettre de dédramatiser la chose. De te
dire : "Ah, sacré cortisol, toujours à faire des siennes…" ou encore : "Hiin, c'est donc pour ça que j'ai mal au ventre". En
tout cas, ça peut peut-être marcher pour certains…
Pour le premier cas, c’est un peu
plus compliqué de dédramatiser, parce que, effectivement, l’enjeu est là. Tu ne
peux pas le nier, je ne peux pas le nier, ta transpiration ne peut pas le nier.
Des pistes pourraient alors être :
-
Se concentrer sur un truc à la fois.
Vu que
quand tu as peur, tu réfléchis moins bien, tu peux peut-être essayer de ramener
ta concentration sur le fond de ton discours plutôt que sur sa forme. Oui, ta
voix tremble, mais elle tremblera de toute façon, que tu y penses ou pas, donc
reviens à ce qu’elle dit, ta voix.
J’imagine que le jury (on va dire qu’il
y a un jury) préfère quelqu’un qui tremble comme une feuille mais dit des trucs
sensés qu’un abruti qui a l’air bien dans ses baskets. (ok, hélas, ce n’est pas
toujours le cas, c’est le pouvoir magique du charisme, mais comme ça ne s’achète
pas au supermarché, on va faire sans pour le moment)
-
Revenir aux bases, à la respiration. (conseil
inspiré par Beetle en commentaire et par une amie qui fait tout le temps ça, et par plein d'autres gens, je n'ai pas inventé l'eau tiède)
Parfois,
avant de passer une épreuve flippante, ton esprit s’emballe et joue au flipper
dans ta tête (parce que tes pensées rebondissent de manière folle, un peu comme mes métaphores). Ce que je te propose est loin d’être facile mais, tu peux essayer
de prendre trois respirations en portant toute ton attention sur celles-ci :
l’air qui rentre dans tes narines, passe dans ta gorge, gonfle ta cage thoracique,
ton ventre, puis ressort par le chemin inverse. « oui, mais, si ils me
demandent tel truc ?? ». « Je disais donc, les narines, le fond de la
gorge, la poitrine.. » etc. C’est pas facile, c’est un exercice à
travailler…
Dans les deux cas :
-
Essaye de ne pas avoir trop peur de montrer ta
peur.
Je ne sais pas pour quelle raison, mais dans notre société, montrer sa
peur (ou n’importe quelle émotion considérée comme une faiblesse) engendre
moquerie, condescendance, pitié, gêne… mais rarement bienveillance. Personnellement,
je crois que c’est ça qui me fait péter un câble : on va voir que j’ai
peur. Du coup j'utilise beaucoup d'énergie à essayer de le cacher, du coup je ne sais plus ce que je raconte, j'ai encore plus les boules... D’où l’aspect exponentiel de la courbe de ta peur (ça faisait longtemps
qu’on avait pas parlé maths ici).
Que ce soit par le rire, par le fond de ton propos, par ta
respiration, que sais-je… Essaye de te rappeler que, malgré ce que tu ressens
sur le moment, malgré ce que certains te disent, en vrai, à l’échelle d’une vie,
à l’échelle du monde, cette peur-là, elle est bien réelle, elle est bien forte,
elle est bien puissante, mais elle n’est pas grave.
De sages conseils !
RépondreSupprimerSurtout que c'est le genre de trucs qui m'arrivais souvent en cours. J'avais beau avoir préparé un exposé de ouf, à partir du moment où mes pieds touchaient l'estrade (oui on avait des estrades) j'avais tout oublié. Et plus je parlais, plus je tremblais et plus j'en oubliais.
Merci en tout cas pour ce chouette article !:)
Bon, au moins on est deux...
SupprimerMerci Ju !! :)