dimanche 24 janvier 2016

N'aie pas (trop) peur, Micheline.

Donc, Micheline, on fait quoi, on change le titre du blog?

Mais non, enfin ! (tout de suite, changer de titre…) C’est vrai que le dernier article en date exposait le non-sens de cette injonction… Mais toutes les injonctions sont vides de sens, et inefficaces. C’est comme dire « détends-toi » à quelqu’un de tendu. Non, on va dire que ce titre est une formule de style, donc pas à prendre au pied de la lettre.

On l’a vu, on ne peut pas échapper à la peur. Maitre Yoda aussi l’avait vu, avant nous (dans l’une des rares phrases dont il a respecté la syntaxe) : « Tu auras peur »*, il a dit. Donc Yoda, il n’a pas dit : « N’aie pas peur, Luke ! ». Parce qu'il sait que ce n’est pas comme ça qu’on maitrise la force. (je fais quoi, je m’arrête là pour le parallèle Star Wars ?)


Donc voilà, on a peur. Ce n’est pas forcément grave, on a même vu que ça pouvait être bénéfique.

Le problème c’est quand la trouille nous trolle (ça aussi, ça aurait fait un bon titre …). Quand elle nous court-circuite, qu’elle nous fait des croche-pieds, qu’elle nous fout la tête sous l’eau, qu’elle nous fout à terre et qu'elle nous fout des coups de tatane… (vous avez compris ?) Bref, quand la peur passe du côté obscur (j'aurais du m'arrêter, j'en suis désolée).

Tu aurais un exemple, Micheline ?

Concrètement, c’est ce moment où tu prends la parole en public et c'est la chute libre : tu ne sais plus ce que tu dois dire, tu ne sais plus pourquoi tu es là, tu ne sais même plus comment tu t’appelles ni si tu as mis une culotte ce matin.

 Il y a une conférence Ted qui explique ce phénomène (le titre est un peu décevant, en vrai il ne donne pas de formule magique pour rester calme) : ce serait l’afflux de cortisol dans le cerveau qui embrouillerait l’esprit et empêcherait de penser clairement. Et encore, dans ce cas il ne s’agit que de stress, alors quand c’est une angoisse massive, on peut comprendre la débilité profonde qui s’empare de nous.

Parce que, oui, c’est de ça qu’il s’agit. Arrêtons les euphémismes de type : « perdre ses moyens ». Je pense qu’on peut raisonnablement parler de « panique à bord » ou d’ « autosabotage en règle ». Pour reprendre une image de Vice-Versa c’est typiquement le moment où les personnes au commande de ton cerveau abandonnent le poste en courant dans tous les sens et en hurlant des sons inintelligibles. (oui, c'est ce moment, )

Alors, tu n’es plus là. Enfin, tu es là physiquement, mais dans ta tête il n’y a personne à part une voix qui répète en boucle « Mais qu’est-ce que je raconte ? Mais qu’est-ce que je fais de mes bras ? Qu’est-ce qu’il vient de dire là ? ». Tu te regardes, tu te juges, tu te regardes te regarder... Et tu agis très bizarrement.


Et ce qui me gêne dans ce type de peur ce n'est pas tant la perte de contrôle que cette impression de ne pas être là. C’est l’opposé même du principe de méditation qui consiste à être pleinement au présent. Quand cette peur s’empare de toi, tu n’es plus présent

C’est cette peur que je veux éviter. C’est contre cette peur que je me mets en garde dans le titre de ce blog. Sauf que le problème avec la stratégie d’évitement c’est que c’est ainsi que se mettent en place les phobies. Parce qu’on a peur d’une situation, du coup on l’évite, du coup on en a encore plus peur, etc. Et ça, c’est ENCORE une autre histoire !!

Vous imaginez si Luke avait évité la rencontre avec son daron ? Et pourtant, visiblement il en menait pas large.



Comment Luke a-t-il fait ? Qui donc est son père ? Yoda va-t-il refaire un caméo sur ce blog ? Peut-on faire cuire un œuf sur un sabre laser ?


Toutes les réponses, et plus encore, dans un prochain article. 

;)

*Star Wars : épisode V - L'empire contre-attaque

6 commentaires:

  1. C'est drôle que tu parles de ça, ce matin j'ai suivi un stage de self-défense qui avait pour thème la gestion du stress, et c'est exactement ce que les instructeurs expliquaient : en cas de fort stress (causé par une situation qui fait peur donc) le rythme cardiaque augmente très fortement, du coup le cerveau ne sait plus où il en est, d'où les réactions absurdes ou même dangereuses liées à la panique. Donc oui, c'est normal. Je pense comme toi que se confronter à la situation est encore le meilleur moyen de maîtriser ce stress. Ou à défaut, il y a toujours la respiration. En tout cas, super article !

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    1. En effet, c'est rigolo ! Si des professionnels confirment ce que je raconte alors tout va bien... ^^
      En attendant, le corps humain est quand même pas toujours bien foutu... :/
      Merci Beetle !

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  2. Trop fort, à l'instant où ça m'incombe à moi! Enfin enfin... ça m'incombe, ça me titille et à force de me chercher tous azimuts j'ai fini par me trouver et changer de nom de blog (plutôt que de template tous les 3 jours mais ne me jugez pas, ceci est mon journal intime).

    Je ne com' cependant pas pour ça: as tu déjà entendu parlé du système dure-mérien? (Bien sûr que non, mais c'est normal).
    "Le fascia dure-mérien (fascia du système nerveux) est celui du psychisme. On découvre alors une véritable cartographie du fascia qui obéit à une systématisation de la vie psychique dans sa relation avec le corps. N. Quéré a approfondi cette notion de lien corps- psychisme à travers l’étude du stress dans les différents compartiments conjonctifs et plus particulièrement dans le compartiment vasculaire."

    C'est une notion très connue en ostéopathie (et "fasciathérapie"), c'est un tissu conjonctif (=fibreux) très fin (un peu comme du cellophane, mais plus solide), qui enveloppe le système nerveux central (du crâne à la moelle sacrée (=du sacrum)) pour le protéger, et est tendu entre les structures musculaires, osseuses et articulaires de la face, du crâne et du rachis.

    Tout ça pour quoi... Dr Qui d'abord?

    Tout ça parce qu'il est directement lié au psychisme et réactif au stress, quelle qu'en soit la nature, il réagit dans l'intérêt les fonctions vitales premières :
    -face à la peur: la fuite
    -face à la proie: l'attaque et la bectance (via les muscles masticateurs)
    -face à l'attraction sexuelle: la reproduction
    Le tout par réflexe ! (attaque, barre toi ou baise. Assez primaires comme fonctions).
    Donc indeed, le "faire face", le "coping", l'internalisation du "danger" (ou ressenti comme tel) et son analyse permettent de shunter le réflexe pour mettre en place une réactivité adéquate et maîtrisée (en effet, c'est vite dit! (et sinon ça va les parenthèses? Parce que je peux en rajouter, si jamais...).

    Voilà, en passant... Démystifier son corps ça peut aider à lui faire confiance davantage en situation de stress.

    Note pour les puristes: ceci est de la vulgarisation médicale, je ne fais pas un cours d'anatomo-physiologie, prière de ne pas me tomber sur le râble. Merci!

    Bien à toi Micheline :)

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  3. Waw ! ça c'est du commentaire construit ! ^^

    Merci pour toutes ces pistes de recherche et de réflexion. La fasciathérapie est une voie qui m'attire pas mal, en effet.

    Oui, finalement la peur est un pur réflexe animal. Tout notre corps se prépare à courir loin du danger, donc les capacités de réflexion ne sont pas la priorité.
    C'est ce qui est passionnant dans ce problème : jusqu'à quel point on peut contrôler notre peur ? Jusqu'à quel point on est victime de notre part animale ? (je m'emballe peut-être un peu, là... ^^)

    Merci pour ton commentaire ! :)

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  4. Je demeure fasciné par le fait que toute cette histoire, de peur, de stress, de honte, et même de tout, de l'écriture de ton blog ou celle de mon commentaire, ne serait que le résultat de transmissions électriques et chimiques dans nos enveloppes corporelles.

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    1. Eh ouais, c'est incroyable... Quelle magie quand même ! :)

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