samedi 31 octobre 2015

L'envie, la peur, l'indulgence et les saumons

Micheline, est-ce qu’il n’y aurait pas un lien ambivalent entre la peur et l’envie ?

En effet, la peur et l’envie sont souvent les deux faces d’une même pièce. Ici, j’ai eu très envie d’avoir un blog, d’être lue. Mais c’est exactement ce qui me faisait très peur.

De manière plus extrême, on dit que le vertige vient de l’attrait des gens vers le vide.

Alors, ça ne marche pas à tous les coups, par exemple, là, maintenant, je n’ai pas spécialement peur de manger une part de fondant au chocolat (non, même pas peur). Mais en même temps, l’enjeu est limité dans ce cas-là. Or, avec l’envie vient l’enjeu, puis vient la peur.

Comment on gère cette ambivalence ?

J’imagine l’envie comme une force d’attraction et la peur comme une force de répulsion. Ces deux forces s’articulent dans une sorte de danse entre notre désir et nous.

(Beyoncé est d'accord)

« Nous tournons autour de nos désirs d’avantages que nous les contrôlons »*. Nous tournons, nous nous en approchons, puis nous nous en éloignons. En tout cas, il ne s’agit pas d’une ligne droite vers le désir. Ce n’est pas si simple.

Or, personnellement, je suis assez exigeante envers moi-même (envers les autres aussi, mais c'est une autre histoire). Le discours « Y.O.L.O. »** peut avoir, sur moi, un effet angoissant. Voire culpabilisant. Genre : "Quoi ? Tu n’oses pas escalader l’Everest alors que c’est ton rêve ? Mais tu passes à côté de ta vie !! Réfléchis pas et fonce !! Fonce sur l’autoroute vers ton désir !!" (Ahem...)

Sauf qu’il y a juste un petit hic, oh pas grand-chose, juste cette massive angoisse tétanisante. Plus forte que l’idée rationnelle qu’il ne faut pas perdre de temps parce que la vie est courte et qu’on ne vit qu’une fois. Et on est alors les premiers à se basher, à se traiter de lâche, à déprimer, à angoisser encore plus.

Soyons donc un peu indulgents avec nous-même. On a des failles, on fait du mieux qu’on peut, on n’est pas des super-héros. Et, oui, parfois la peur est si monumentale qu’elle surpasse l’envie qui la motive. Et ce n’est pas grave. Ce qui serait grave c’est de se faire violence, de se jeter dans un idéal angoissant pour réaliser son rêve à tout prix et de se laisser dévorer par une panique incontrôlable.

Alors, attention, avoir des rêves c’est bien, c’est sain. Mais un peu de frustration aussi c’est sain. Et qui sait, peut-être que par des chemins détournés, au détour d’un pas de danse, d’envie accessible en peur gérable, on atteindra notre idéal par des voies inattendues…

Mais en gros, l’idée, c’est de s’écouter. Faire le rapport envie/peur. Savoir que ce rapport bouge, ça évolue, ça danse. Sentir dans quel sens nous porte le courant, donner un petit coup de rame si un rocher nous bloque. Et pas s’épuiser à contre-courant, les yeux rivés sur l'objectif. Remonter le courant, les saumons le font très bien. Nous, moyen.

(et encore, parfois il se prennent des ours)

*Jean-François Vézina, Danser avec le chaos
** You only live once (= on ne vit pas dans un jeu vidéo)

jeudi 29 octobre 2015

La mise en pratique de l'échec

Mais… mais… je croyais qu’il n’y avait pas d’échec, Micheline ?

Eh bien j’ai menti !! (twist de ouf)



Enfin, pas volontairement. Mais disons que j’expérimente le rapport conflictuel entre la théorie et la pratique.
J'ai, d'ailleurs, beaucoup tourné autour de cet article sans savoir comment l’aborder, tant je ne voulais pas admettre cette notion d’échec. Je savais qu’il y avait un problème mais sans arriver à mettre le doigt dessus.
Le problème c’est celui-là : j’ai été prise à mon propre piège. Vous savez, le coup, de ne pas avoir des attentes trop hautes, tout ça tout ça ?


Au tout début du blog, mes attentes étaient pourtant assez humbles : avoir juste un commentaire me suffirait. Mais l’accueil réservé au blog sur le forum de l’Originale a été plus enthousiastes que je ne le pensais, deux personnes ont commenté, une personne m’a suivie sur twitter… ça dépassait mes espérances.

J’ai pensé que, naturellement, l’évolution serait exponentielle, que ça ferait boule de neige ! J’ai alors souhaité que le blog soit un lieu d’échange, où les commentaires permettraient d’établir une vraie communication. De fait, la communication nécessite un émetteur, un message et un récepteur (smiley à lunettes). Pour l’émetteur et le message : check et check. Mais pour le récepteur, le seul moyen d’être sûr qu’il existe c’est via les commentaires. Ça me permet d’avoir la validation que quelqu’un a vraiment lu mes articles, parce que la fréquentation d’une page, finalement, ça ne veut rien dire. Et être lue, c’est mon objectif premier.

Dans la réalité, la boule de neige a un peu fondu. Sans savoir pourquoi, plus de nouveaux commentaires, plus d’encouragements… (tout ça se joue sur quelques jours, hein, c’est dire à quel point je l’attendais, l’échec). Et à l’heure de regarder les résultats (au bout d’une semaine, donc… ahem, la logique), j’étais déçue. Et je n’avais plus envie d’écrire, je ne savais plus comment formuler des articles, ce n’était plus aussi simple qu’au début, la lune de miel était passée. J’avais envie de repousser mon jouet et d’en trouver un autre, plus valorisant.

Ça se passait finalement comme dans mes scénarios négatifs. Pas de réponse, perdue sur le grand internet à crier sans que personne ne m’entende (tu le sens, le mélodrame ?). Et l’abandon du projet. J’étais à peine surprise.

Mais, heureusement, j’ai fait un blog sur la peur de faire un blog. Donc, j’ai essayé d’analyser la situation, pour arriver en tirer un article. (je n'ai pas été seule sur le coup, ce bon vieux Damien Maric m'a aidé sur le coup : "si vous n'abandonnez pas, ce n'est pas un échec, c'est juste un mauvais résultat", cf cette vidéoEt j’ai trouvé un côté positif à cette histoire d’échec de mauvais résultat : il oblige à se creuser la tête pour trouver une solution ! 

D’abord je me suis rappelé d’un message d’Hélène que je n’avais pas relevé sur le moment où elle disait que c’était galère de se créer un compte pour commenter. Je n’y avais pas prêté attention mais c’était pourtant la base ! Comment pouvais-je attendre d’avoir des commentaires si les gens doivent prendre 10 minutes pour commenter ? Faut pas pousser non plus… J’ai alors changé les paramètres (que je n’étais alors pas encore allé voir, en bonne professionnelle que je suis) pour qu’on puisse commenter avec juste un pseudo, voire anonymement. J'ai donc amélioré mon blog.

Après, je me suis dit que je n’étais surement pas la seule à être dans ce cas, écrire mais sans réponse. Cet « échec » m’a permis de me rendre compte à quel point le silence est dur à gérer quand on se lance dans un contenu public. Surtout pour des gens comme moi, qui n’ont pas une grande visibilité. Donc je me suis dit que je pourrais faire la démarche d’aller vers les autres avant d’attendre qu’on vienne vers moi. Et, je pourrais lire avant d’attendre d’être lue. Et, je pourrais commenter pour encourager autrui avant d’attendre des commentaires qui m’encourageraient. Pas dans un mode : « abonne-toi, je rends », mais dans une démarche sincère. J'ai donc "amélioré" mon rapport aux autres.

Bon, en fait, "l’échec", il existe. Mais il n’est pas forcément gênant, il peut même être stimulant, enrichissant, instructif ! Il permet de s'améliorer.

Allez, "salut" !


mardi 27 octobre 2015

Relativiser l'échec

Micheline, y avait pas un truc dont tu as oublié de nous parler ?

En effet, heureusement que tu es là ! (la meuf part complètement en vrille dans son dialogue intérieur)

En parallèle de tout ce processus de création, il y a une idée à laquelle il faut régler son compte. Cette idée tient en (compte sur ses doigts) 5 lettres : l’échec.

Ici, je ne parlerai pas de l’échec à un examen ou à un entretien d’embauche, situations dans lesquelles l’échec ou la réussite sont clairement définis. (encore que…)

Echouer c’est quoi ? Ne pas atteindre un objectif. Cet objectif peut être fixé par soi-même ou par la société (ou les deux, dans le sens où on a intégré la norme). Je vois donc deux types d’échec : l’échec social et l’échec personnel.

1.       L’échec social

Il s’agit de toutes les fois où les autres nous renvoient l’image d’un échec. Ici, j’ai envie de parler de la nouvelle vidéo de Solange te parle : No life.

Jérémie a peur qu’on le voie comme un loser. Comme un type qui a échoué. Echoué à quoi ? Avoir une vie dans la norme ? Etre heureux ? Ne pas « être cassé » ? Il définit lui-même l’échec à son sens : finir seul avec plein de chats.

Qui n’a jamais eu cette image précise en tête lors des jours de déprime ? C’est un cliché tellement éculé… Or, c’est une image, rien qu’une image que la société/la culture nous a mis dans la tête. Ce type seul avec ses chats pourrait être beaucoup plus heureux que ce milliardaire qui ne sait plus quoi inventer pour dépenser son argent (oui, je sais, ça aussi c’est une image). Non, en réalité finir seul avec plein de chats c’est une figure de style (je ne sais pas laquelle, internet, aide-moi stp) pour dire : triste. Finir triste.

Mais je m’égare. Pour en revenir au blog, ce qui serait socialement considéré comme un échec pourrait être, par exemple, l’absence de commentaires. Ou un nombre de commentaires inférieur à tel chiffre. Ou des commentaires négatifs.

Cet échec ne nous touche que si on accepte ces critères, si on les fait nôtres. Si on accepte ce jeu (cf le Marché Parlé #3 de Navo).

2.       L’échec personnel

Il dépend de l’objectif intime que l’on se fixe. Là je vais revenir sur le chapitre du fantasme (cf Anticiper le pire et le meilleur). Si le but à atteindre relève du fantasme non réaliste, c’est l’échec assuré. Enfin, non, parce que tout est possible dans la vie, mais disons qu’en termes de probabilité, elle est plutôt très très faible. Et les probabilités d’échec sont donc inversement proportionnelles (oui, je suis très forte en maths (non)).

C’est ce qu’on appelle : mettre la barre trop haut. Et on pourrait dire qu’on part presque déjà perdant.

La première idée serait donc d’avoir des objectifs très humbles. Pour rapidement les dépasser et se laisser surprendre. A partir de ce moment-là, il n’y a plus d’échec possible, plus que des petites victoires.

La deuxième idée serait de se décaler un peu de la situation. De la regarder sous un autre angle. De ne pas voir l’échec ou la réussite en termes de nombre de commentaires mais d’avoir une autre échelle, plus subjective. Qu’est-ce que ça me fait ? Qu’est-ce que je retire de cette expérience ? Et là aussi, plus d’échec possible si on part du principe qu’il y a toujours quelque chose à prendre de toute expérience.

Conclusion : l’échec ? Quel échec ?



Et vous, vous avez un avis sur la question ? 
(là, socialement, l'échec serait de n'avoir aucune réponse, mais si je décide de m'en foutre et de me dire que ce serait déjà incroyable d'en avoir une, l'échec personnel est déjà moins probable. #miseenpratique)

dimanche 25 octobre 2015

Appuyer sur le bouton

Ok, Micheline, donc tu as persévéré. Et après ?

Après il y a eu un moment agréable (ah bah quand même !) : le moment de la création. D’abord la création du lieu, de la forme qu’il allait prendre. Bon, ça c’est un peu comme agencer le salon de tes Sims : plutôt rose ou bleu ? Plutôt à gauche ou à droite ? J’ai essayé de ne pas y passer trop de temps (comment ça, ça se voit ??) car ce n’était pas la partie qui m’intéressait le plus, à savoir : l’écriture.

Cette dernière a été difficile mais finalement assez plaisante. C’est un exercice qui me plait de mettre mes pensées en mots (sinon je n’aurais peut-être pas fait un blog… ><). D’habitude je n’écris que pour moi, donc c’est d’un seul jet, sans relecture. Là, il y avait quelque chose de stimulant à savoir que j’allais être lue par d’autres. Je voulais être claire, lisible, agréable. Je changeais mes tournures, échangeais des paragraphes, me relisais en essayant d’avoir l’œil neuf du lecteur fraîchement débarqué. Mais jusque-là, cet œil restait le mien, donc pas de panique à l’horizon.

Ce petit jeu aurait pu durer longtemps, il y avait toujours quelque chose à redire, à retravailler, à réarranger. Alors, je te le donne en mille, au bout d’un moment ce perfectionnisme s’est changé en mascarade pour repousser le moment flippant : l’appui sur le bouton « publier ».

Et je pense que tu connais ce moment. Quand tu écris un message, texto, mail, que sais-je, à une personne qui fait battre ton cœur et transpirer tes aisselles. Et que ce message, tu le relis encore et encore, en imaginant la personne lire tes mots, en essayant d’anticiper (on y revient) les réactions que tu vas provoquer chez lui/elle, tu es finalement satisfait, prêt à l’envoyer, ton doigt/ta souris sur le bouton « envoyer »… Et tu décides de le relire une dernière fois, juste pour être sûr, parce que même si le geste de cliquer est instantané, les conséquences sont bien trop importantes !!

C’est quoi justement, les conséquences, Micheline ?

-          Renoncer à la perfection. Parce qu’elle n’existe pas, la perfection. C’est juste un idéal impossible à atteindre qui nous sert de prétexte pour ne pas nous lancer. « Ce ne sera jamais assez bien ». L’important c’est de faire, et d’être satisfait de ce qu’on a fait, même si ce n’est pas parfait.
-          Lâcher quelque chose de soi. On y a passé du temps sur ce texte/message. On y a réfléchi, on y a mis nos pensées, nos émotions, et on s’est tellement investi dans son écriture que c’est un petit bout de nous qu’on donne à l’autre. Et que c’est inquiétant de laisser partir un petit bout de soi… (big up le héros de 127 heures)

-          Perdre la main. (big up le héros de 127 heures bis, huhu) Comme dans un jeu, on a joué notre tour, maintenant la balle est dans le camp de l’autre. Maintenant il suffit d’attendre sa réaction. Or, l’attente, c’est inconfortable. On n’est plus dans le plaisir égoïste de l’action, de la rédaction, moment où on a le contrôle. Non, on est alors dans la spéculation jusqu’au moment où l’autre réagit, nous rassure ou pas, mais où on peut avancer.

Pour toutes ces raisons, j’ai repoussé le plus possible le moment d’appuyer sur « publier ». Et puis je me suis résigné. De toute façon, j’allais être obligée de le faire à un moment où à un autre, donc autant arracher le pansement rapidement.


J’ai soufflé un bon coup, senti mon ventre se tordre un peu, serré les fesses, serré les dents, et j’ai cliqué

vendredi 23 octobre 2015

Des conseils, Micheline, pour déjouer l'anticipation à outrance ?

C’est marrant que tu demandes car, figure-toi, mon ptit pote, que je t’en ai concocté quelques-uns.
(trois, je t’en ai concocté trois) 

1.       Don’t feed the troll.

Les images dont je parlais juste avant viennent en « mode automatique » de la machine qui est dans ta tête. 
Tu es en train de te brosser les dents et tout à coup, sans savoir comment tu en es arrivé là, par le petit train de ta pensée associative, tu te rends compte que tu es en train de te taper une barre avec François Descraques parce que tu as fait un jeu de mot tellement hilarant qu’il en a recraché son Cacolac. (et oui, c’est aussi précis que ça)
Ton inconscient se débrouille très bien tout seul pour créer ces images. Inutile que tu en rajoutes, même si c’est tentant. Ne viens pas consciemment, rajouter une suite, un développement, des rebondissements, des « et alors là… », « et si… », « on dirait que… »
Enfin, je veux dire, tu peux hein ! Parce que ça fait du bien, sur le moment, l’imagination.
Et même de manière générale, l’imagination c’est un truc incroyable mais faut faire gaffe que ça ne t’éloigne pas de la réalité de ton projet, et surtout…

2.       Ne sois pas dupe

            Quand tu regardes un film, tu sais que ce n’est pas la réalité.
Même si l'intérêt des films est de te provoquer des émotions, tu sais consciemment que le processus de création de ces émotions est faux. Si tu regardes un film d’horreur, même si tu sursautes et que ton émotion est réelle, tu es quand même capable de prendre du recul pour te dire « Ok. Le réalisateur a filmé la scène de telle façon, l’acteur était maquillé, la maison est un décor... »
Face aux films d’anticipation que te concocte ton esprit, il te faut prendre ce même recul. Il te faut faire le choix conscient de te dire : « c’est faux ». Réaliser que les événements que tu t'imagines ne sont que le résultat d'un mode de pensée automatique qui alimente ta peur. D’ailleurs c’est souvent plutôt mal fait, caricatural et répétitif… Donc pas le meilleur film du monde.
Alors, pourquoi cet automatisme est-il là ? J’ai presque envie de dire qu’on s’en fout. Il est là, point barre. On le note, on dit « Ok. », et on dit « Bon, on commence quand ? ».

3.       Attends-toi aux surprises

Je te connais bien, chère petite control freak. Tu voudrais tout savoir à l’avance comment ça va se passer. Qu’on te donne un scénario, avec les personnages, leur évolution, les indications de dialogue, de timing, de couleur de rouge à lèvre. Bref, qu'on te spoile la suite de l'histoire. Parce que, merde, c’est flippant de pas savoir ! De débouler sur la scène sans avoir lu le script. Ça s’appelle de l’impro et il y a des gens qui font ça très bien, mais pas toi !
Rassure-toi, personne ne te demande d’improviser. Concentre-toi donc sur ce qu’il est sain et utile de contrôler : le contenu du blog, la couleur du fond, la typographie… Et pour le reste (comme, par exemple, les réactions des personnes qui ne sont pas toi) : laisse-toi surprendre !
Tiens, tu vois, tu as déjà un commentaire !! 


mardi 20 octobre 2015

Anticiper le pire et le meilleur

Alors, Micheline, t’as flippé ?

Un peu, mon neveu ! (pardon…)

Et ma peur m’a fait signe dès le frémissement de la naissance de l’idée même de créer un blog. Elle a pris une forme qui m’est assez connue : l’anticipation. C’est-à-dire me projeter dans le futur, à la ligne d’arrivée, avant même d’avoir posé un pied sur la route. Histoire de me demander : « est-ce que ça vaut vraiment le coup tout ça ? ». 
Enfin, il faut savoir que ça se passe très vite cette histoire, mon cerveau est en mode automatique et je ne me rends presque pas compte que je suis en train de me dérouler des films, et ça déroule, et ça déroule, c'est inépuisable ! (et c'est épuisant)
Et deux types d’images me viennent presque simultanément. Elles sont diamétralement opposées mais sont toutes les deux extrêmes et caricaturales. Et elles suivent le même but : me persuader que, non, ça ne vaut pas le coup.

1.       Imaginer le pire

Me retrouver perdue dans les limbes de l’internet, avec 0 vues. Ou pire, 10 vues qui ne commentent pas. Ou pire, des commentaires désagréables. Ou pire des gens qui me jugent. Ou pire, des connaissances qui tombent sur mon blog et qui me jugent. Ou pire, des gens que j’aime lire sur internet qui me jugent. Ou pire, que quelqu’un ait déjà eu cette idée et l’ait mieux réalisée. Et que cette personne me juge. Ou pire, un loup !!


Ça c’est facile et c’est la réaction attendue. On se dit que l’essence même de la peur est d’éviter des situations désagréables. Si cette dernière se manifeste, c’est donc que (plus ou moins consciemment) l’on a anticipé toutes ces situations. Et pour ce faire, pas d’inquiétude, ton cerveau (ce bon vieux troll) a de l’imagination à revendre !

2.       Fantasmer le meilleur

Mais comme il faut croire que mon ego n’est pas complètement à jeter à la poubelle, j’ai aussi très rapidement rêvé ma success story.
Et là, bizarrement, j’assume moins de décrire mes rêveries mégalomaniaques que ma potentialité d’échec… Mais pour la faire courte : je rentrerais dans le cercle des gens que j’aime lire sur internet, je serais « à leur niveau ». (et accessoirement, Madmoizelle me proposerait un job de rédactrice et Thomas Hercouet m’inviterait à la Nuit Originale)
Eh bien bizarrement, cette réaction est aussi paralysante que la première, pour deux raisons.
D’abord, ces fantasmes me satisfont dans une certaine mesure. Je trouve du plaisir à m’imaginer que c’est possible. Et c’est vrai, potentiellement, tout est possible. Et peut-être que l’imaginer me suffit… C’est comme si je le vivais mais sans les inconvénients : le travail, les difficultés, le découragement, et surtout le risque d’échouer.
Parce que oui, c’est ça le deuxième problème de s’imaginer le happy ending avant même d’avoir écrit une ligne. La pression de dingue !! T’imagines si j’arrive pas à ce niveau-là ? Or la probabilité d’y arriver reste quand même très faible. S’en suivront déception, amertume, remise en question, perte de l’utopie… Alors, du coup, non, décidément, je préfère rester à rêvasser dans mon canapé, merci, au revoir, bon dimanche.

Du coup, Micheline, tu abandonnes ?


Mais non, enfin !


dimanche 18 octobre 2015

Pourquoi ce blog, Micheline ?

D’abord, bonjour !

Pardon, bonjour Micheline !

Je crée ce blog parce que j’ai très peur de faire un blog. Enfin, je n’ai pas peur QUE de ça. J’ai peur de beaucoup trop de choses. En vrac :

  •  Faire des erreurs
  •  Les espaces confinés
  •  Etre jugée
  •  Perdre des choses, des êtres
  •  Le regard des autres
  •  Mourir
  •  La hauteur
  •  Passer à côté de ma vie
  •  Les attractions à sensation
  •  Assumer mon désir
  •  Les histoires de fantôme
  •  Finir seule
  •  Avoir peur (et ça, comme dirait Remus Lupin, "c'est signe d'une grande sagesse, Harry"* mais ça reste relou, Remus.)

Liste, bien sûr, non exhaustive. 
Bref, on peut facilement me qualifier de flipette de service.
En ce moment, j’ai la désagréable sensation que ma peur dicte ma vie. Que mon confort est plus important que mon épanouissement.

Comme je suis plutôt du type bonne élève et que j’aime bien lire, j’ai emprunté un livre qui s’appelle « Vivre sans peur »**. Donc la théorie, je l’ai. En gros, la peur nous ment, elle est un filtre déformant qui nous fait voir le pire, les conséquences les plus désastreuses de nos actions potentielles. Alors, on se satisfait du fantasme.  Et on préfère être un peu frustré que complètement paniqué. En gros. Le risque est donc de passer à côté de certaines choses de la vie. (or ça fait partie des choses dont j’ai peur, tu le sens le serpent qui se mord la queue ?)

Mais moi la frustration, ça commence à me gonfler. Alors, la peur, j’ai envie de la confronter, de l’approcher, de l’accepter. Et pour mettre cela en pratique, faire un blog me paraissait une bonne idée. Parce que je ne suis sans doute pas la seule flipette sur internet. Parce que ça me permet de rentabiliser le temps passé sur la toile. Parce que j’en ai envie. Et surtout, parce que j’en ai peur !

Mais, Micheline, c’est pas un peu maso, comme comportement ?

Dans le livre cité ci-dessus, la dame parle de deux types de défis. Les défis constructifs et les défis destructeurs. Les destructeurs c’est ceux qu’on refait sans arrêt et qui ne nous apportent rien, voire qui nous font du mal. Par exemple, retourner sans arrêt voir ce garçon qui nous fait du mal parce qu’on veut tellement qu’il nous fasse du bien, parce qu’on est persuadé qu’on peut le faire changer.

Ici, je pense qu’il est plus question d’un défi constructif. Car, je pense qu’il y a plus de bon que de mauvais à y prendre. Même si ça ne plait pas, même si personne ne me lit, même si j’abandonne au bout de deux semaines, je pense qu’il y a des choses à apprendre. 
En tout cas, plus qu’en ne faisant rien.

Hum...

Allez, salut !





* Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, JK Rowling
** Vivre sans peur, sept principes pour oser être soi. Brenda Shoshanna