samedi 5 mars 2016

La zone d'inconfort

Alors, Micheline, ça va mieux ?

Oui, merci. Ecrire cet article, la dernière fois, m’a fait beaucoup de bien ! Après je ne dirais pas que je danse la rumba du matin au soir (peut-être est-ce pour le mieux) mais c’est un peu plus calme sous mon crâne et je sens l’énergie revenir tout doucement.

Tu as retrouvé une zone de confort, Micheline ?

(ça se voit que je ne savais pas très bien comment amener le sujet ?)

Voilà une question qu’on ne pose jamais dans ce sens !

On nous parle souvent de « zone de confort », mais toujours pour nous inviter à en sortir. C’est quand même étonnant, non ? Pourquoi aurait-on envie de quitter une zone dans laquelle on est bien, confortable, à l’aise?

Décrivons un moment de confort (spoiler alert : confort apparent) :

Je suis dans mon canap, lovée dans mes coussins, mon plaid sur mes genoux et mon ordi dessus. Franchement, je suis bien. Je mate des vidéos, checke twitter, rafraichis des pages, tout ça en même temps. Mon cerveau est sur pause, je n’ai pas de peurs, pas de douleurs, je rigole, j’apprends des trucs.
Quel bon moment !!


Tout à coup, j’ai mal aux yeux, je commence à être engourdie, à n’apprendre plus rien de nouveau, à revenir toujours sur les mêmes pages qui n’ont pas bougé. Il est temps d’éteindre.

Mais je rafraîchis une dernière fois youtube, regarde telle vidéo qu’on me propose, même si je la trouve nulle, me balade dans les méandres de tel blog pas très intéressant, me perds sur les photos d’inconnus sur facebook en me comparant et en me dévalorisant. Et je n’arrive pas à éteindre. Je regarde mon portable, ça fait 2h que j’ai dit qu’il fallait éteindre. Je m’en veux, me demande ce que je fais de ma vie, me reproche de n’avoir aucune volonté…

Quel bon moment !! (non)


On parle toujours de « zone de confort » ou bien ?

Mais, Micheline, ne sois pas si 1er degré, c’est une façon de parler, un confort apparent, comme tu l’as dit toi-même !

Oui, mais ça provoque un genre d’injonction paradoxale, pour moi : je n’ai pas envie de quitter une zone de confort ! Je ne suis pas (si) maso quand même. Si le confort c’est se sentir bien, j’aspire à trouver et à rester dans ma zone de confort !

Alors, je comprends que le type qui a inventé cette expression pensait « zone de confort » = « zone sans peur ». Mais comme je l’ai décrit ci-dessus (et comme on l’a déjà vu ici et ici) : on a toujours peur, même dans le confort de mon canapé, j’ai quand même peur ! Peur de ne rien faire de ma vie, par exemple, et c’est très désagréable comme sensation. D’où ma proposition de renommer ce concept : « zone d’inconfort » (proposition que je vais, évidemment, soumettre à Wikipédia).

Sans transition, et pour vous convaincre qu'il n'y a pas de zone de confort ultime, une histoire amusante (hihi.) lue récemment dans le très bon livre Le charme discret de l’intestin* (attendez, vous allez voir le rapport) : l’ascidie est un petit être vivant possédant un cerveau et une moelle épinière. Cette brave petite créature se déplace allègrement sous la mer à la recherche du coin parfait pour se poser (fonder sa petite famille). Quand, enfin, elle a trouvé le caillou idéal que fait-elle ? Elle mange son cerveau.

Je. Quoi ? Pardon ?



Bah oui, elle bouffe son cerveau, elle n’en a plus besoin, il lui servait uniquement à chercher le spot ultime. Donc elle le bouffe et elle peut enfin vivre sa vie d’ascidie.

Je trouve cette histoire hyper marrante (comment ça, ça ne fait rire que moi ?).

Parce que je me surprends parfois à me prendre pour une ascidie, en recherche de la situation parfaite, ultime, dans laquelle je pourrais me poser et mon cerveau ne me harcèlerait pas à tout bout de champ(passons sur le fait que je rêve d’être un organisme marin décérébré, ce qui, je vous l’accorde, n’est pas rassurant.) 

Quand je glande sur l'ordi, j'ai l'impression d'être une grosse ascidie repue de confort. C'est très agréable, au début. Et puis mon humanité me rappelle à l'ordre.

Notre problème en tant qu'être humains c’est que (hélas), nous n’avons pas encore trouvé la manière de manger notre propre cerveau. Donc, ce dernier sera présent toute notre vie pour nous embêter, nous bousculer, nous fatiguer, nous faire peur. Donc, notre cerveau ne nous offrira jamais de réelle zone de confort. Donc, on ne peut pas la quitter (puisqu’elle n’existe pas, vous suivez ?). CQFD.

Par contre, on peut essayer de quitter une « zone d’inconfort » trop importante. C’est déjà un peu plus motivant, si vous voulez mon avis.


Et ça, on essaiera d’en reparler.


* Le charme discret de l'intestin, Giulia Enders

2 commentaires:

  1. Hello Micheline ! C'est une bonne idée de renverser la perspective et de parler de zone d'inconfort. Quant à l'ascidie... je ne connaissais pas cet animal formidable :)
    Récemment je suis tombée sur une BD intitulée "Championne du monde de flippette, manuel à l'usage des angoissées et autres anxieuses", de Gemma Correll. Le titre me parle et les dessins ont l'air drôle ! j'attends maintenant mon colis Amazon... à suivre !

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    1. En effet, le titre a l'air plutôt parlant ! Tu me diras si c'est bien ! :)

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