dimanche 6 décembre 2015

La peur du jugement, épisode 1, partie 1.

Bon, Micheline, on attaque le gros morceau ?

Pff, je sais pas, j’ai un peu la flemme. Je sais pas par quel bout le prendre. On peut pas repousser ?

Non.

O-kayyy…

Le gros morceau c’est la peur du jugement. Rien que d’en parler j’ai un peu la chair de poule (oui, j’exagère).

Le plus simple (comme toujours) c’est de donner un exemple de la façon dont cette peur se manifeste : pendant la fabrication de ce blog j’ai eu la surprise d’avoir des voix dans ma tête.


Des voix et des images, hein, le truc en son et lumière. Des voix de personnes de mon entourage plus ou moins proche, de personnes que j’apprécie plus ou moins. 

Celles-ci, dans mon imaginaire, dénigrent ma démarche, ma façon de faire, mes tournures de phrases… Mais surtout la démarche en elle-même. Dans leur bouche (enfin leur bouche dans ma tête, niveau anatomie ça devient chelou mais on fera avec) ça peut aller du : « oh un blog, c’est mignon tout plein, tu as quel âge déjà ? » au « non mais pauvre meuf qui a pas de vie, qui fait un blog » en passant par « genre la meuf fait un blog sur la peur, elle se prend pour un coach développement personnel ou quoi ?? » j’en passe et des meilleures.

Ces personnes ne sont pas là (dans ma tête toujours, je resitue juste au cas où) par hasard. Ce sont toujours des gens que j’ai déjà entendu émettre des critiques de cet ordre, sans que j’en sois forcément la cible. Je recalque d’ailleurs certainement leurs expressions, leurs intonations, leur attitude. Parfois, ce sont même des gens dont j’estime les jugements (c’est d’autant plus dur à encaisser).

Tout cela rend le truc extrêmement réaliste. Pourtant on est dans de la science-fiction, dans mon cinéma intérieur. L’anticipation marche à plein régime : voilà ce que l’on va me dire. Et je suis persuadée qu'on va me le dire. (enfin, parfois on a de bonnes raisons de s’imaginer que telle personne pense telle chose de nous, et parfois on a raison. Mais si on n’a aucune preuve, alors on va partir du principe que c’est faux.)

Après tout, peu importe, je pourrais m’en foutre. Mais le problème c’est qu’ici on part sur du jugement de valeur. Ce n’est pas seulement ma démarche que l’on juge, c’est mon être, mon individualité, sa valeur. Et d’ailleurs, c’est même moins du jugement (supposé impartial) que du bashing en bonne et due forme.

Les gens sont vraiment des connards.

Wait…


Mais, Micheline, tu te rends compte de la violence que tu as envers toi-même ? :(

Je m’en suis rendue compte récemment, avec beaucoup de surprise. Il y a encore quelque mois, si on m’avait demandé de noter mon estime de moi j’aurais répondu 10/10, je m’aime bien, je m’entends bien avec moi-même.

Bah oui, forcément, la violence je la mets dans la bouche des autres. Comme quoi mon cerveau est parfois cool, il me trouve des stratagèmes pour mettre à distance la dureté avec laquelle je me juge sans appel. Mais ce stratagème est un mensonge.

Donc, cool, on a mis la violence à distance, tout va pour le mieux.

Sauf que le bât blesse quand même. Il blesse de plusieurs manières :

-  L’immobilisme. Forcément, je me freine, me réfrène, m’empêche de faire, de prendre le risque de voir se réaliser ma prophétie de dénigrement. Donc, il est plus prudent de ne rien faire, de ne rien dire, de rester tapi.

-  Le jugement, quand même. Il est impossible d’empêcher les gens de juger. Et c’est une erreur de croire qu’en ne faisant rien, ils ne te jugeront pas. Parfois, on provoque même ce qu'on veut éviter : j’ai peur d’avoir l’air bête, alors je ne dis rien. Certains vont alors se dire : « elle ne dit rien, elle a l’air bête. » CQFD

-  Le cercle de la vie violence. Tu as peur d’être jugée donc tu juges, à outrance, pour te rassurer, te dire que, toi au moins, quand même, c’est mieux que, pas comme, heureusement… Et quelqu’un, en face de toi, aura peut-être ta voix dans sa tête quand elle aura peur de faire quelque chose. On ne s’en sort pas.

Voilà, en gros, où j’en suis de mes réflexions sur tout ce bazar. C’est pas simple, et se culpabiliser de juger n’aidera pas, parce que la culpabilité est clairement un type de jugement

Donc, déjà prendre conscience du phénomène. Le digérer. Et essayer de faire l’effort de s’aimer pour contrebalancer toute cette haine qu’on se lance au visage tout le temps. 

On en reparlera sûrement.

En attendant...

4 commentaires:

  1. Très bon article !
    C'est la même pour moi niveau anticipation !
    Tu retranscris très bien ce qu'il se passe dans ma tête donc merci :)

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    1. Merci pour ton commentaire, je suis très contente de voir que ça parle à quelqu'un ! ^^

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  2. J'ai l'impression de me voir il y a quelques années !!! Mais j'ai eu la "chance" d'être obligé de faire une thérapie car je ne vivais pas, j'étais en survie et toutes mes peurs pathologiques sont parties. J'ai compris aussi que j'avais besoin de ses peurs, que c'était un mécanisme de défense qui me protégeait. Je jugeais aussi mais parce que j'avais un problème d'identité.
    J'espère que tu trouveras ton chemin et ta liberté. Merci beaucoup pour ton partage. Léna

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    1. Merci Léna pour ton gentil commentaire ! C'est sûr que chacun trouve les réponses qui lui correspondent à un moment donné, chacun sa route, chacun son chemin, comme dirait l'autre. ^^

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