dimanche 29 novembre 2015

Le choix, les obligations et un tire-bouchon

Micheline, tu parles de prise de décision et de compromis, comme si on avait toujours le choix de pas ne faire un truc qui nous fait peur !

Tu marques un point, petit alter ego en lettres bordeaux. C’est vrai que jusqu’à présent je ne parle que de situations dans lesquelles on n’a pas d’obligations. Rien ne m’oblige à faire un blog. Rien ne m’oblige à parler de ce blog. Rien ne m’oblige à sortir de mon train-train. (enfin, on en reparlera…)

Mais il y a des situations dans lesquelles le choix est restreint. Aller au boulot, payer ses impôts, acheter du pain (big up au moi de 14 ans), etc. Dans ces cas précis, la question du rapport peur/envie se pose rarement. Parce que la plupart du temps on a plutôt pas envie de faire ces trucs, et la peur vient d’ailleurs : ça peut être une peur sociale (la boulangère), une peur d’être adulte (payer ses impôts), une peur de faire des conneries (aller au boulot)…

On est alors confronté au badant principe de réalité (enfin, c’est comme ça que je l’appelle, je crois qu’en psycho ça correspond à autre chose), aka « être adulte ». Pour être clair ce serait ce principe à l’origine de la phrase que te répètent tes parents depuis que tu es petite : « on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie ».

La chance (ou le problème, selon le point de vue) que l’on a c’est qu’on vit dans une époque et dans un pays où, eh bah si, on peut faire de plus en plus ce qu’on veut dans la vie. Et surtout, ne pas faire ce qu’on ne veut pas faire. Par exemple, si tu veux taffer chez toi en pyjama et ne parler aux gens que par écrit, en te débrouillant bien, tu peux le faire.

(Rihanna style)

En quoi ce serait un problème ça, Micheline ?

Le problème c’est que la peur nous ment. (cf le premier article de ce blog) Donc elle se faufile dans ce syndrome d’enfant gâté en nous faisant croire qu’on a le choix dans des situations où on l’a finalement très peu.

Bon, un exemple valant mieux que trois ans d’explications : l’autre soir (soir de la Grosse Teuf Madmoizelle, tmtc) j’ai emprunté son tire-bouchon à mon voisin à qui je n’avais jamais parlé et je n’ai pas pu le lui rendre juste après car une bouteille à ouvrir était en chemin (je n’ai même pas envie de développer sur cette fin de phrase). Il m’a donc dit de le mettre dans sa boite aux lettres le lendemain en me donnant le nom et le numéro de celle-ci. OR, j’ai une mémoire de poisson rouge. Donc le lendemain j’avais, bien sûr, oublié les infos. Il fallait donc que je retoque chez lui, que je le redérange dans sa vie privée, je déteste ça, j’étais pas bien, j’avais peur. Mais j’avais pas le choix, on est d’accord ? Eh bien mon cerveau a quand même trouvé le moyen de me faire croire que je l’avais !

« Oh, tu pourrais faire croire que tu as oublié de le lui rendre… »

... Mais...




Oui, mon cerveau m’a dit ça !! Mon cerveau en situation de peur est un putain de voleur de tire-bouchon !!

Donc le truc c’est que peut-être qu’on a toujours le choix. Mais la peur te fait parfois ignorer les conséquences merdiques de ce choix. Elle te fait perdre toute notion de rationalité et met tes valeurs, tes responsabilités, ta morale ou juste ton « self-respect » dans l’angle mort de la prise de décision.

Ça peut être des circonstances plus ou moins emmerdantes, allant de l’annulation d’une soirée par peur de ne pas y être à l’aise à sécher les cours jusqu’à se faire virer (je n'ai jamais été dans ce dernier point mais je sais que ça peut arriver).

Tu fais comment, alors, Micheline ?

Dans l’anecdote que nous appellerons « le cas du tire-bouchon », j’ai eu deux réactions :

-          D’abord l’énervement. Je me suis énervée contre moi-même d’en être encore à négocier pour un truc aussi con. D’autant que si je me mets à la place du type, bien sûr que je préfère être dérangée plutôt que me faire piquer mon tire-bouchon ! (non mais c'est quoi cette histoire ??)

-          Ensuite, la vision du soulagement après l’avoir fait. Etre dans la peur est un moment tellement désagréable qu’une fois qu’on a fait le truc qu’on ne veut pas faire, on se sent comme libéré d’un poids. Parce que d’abord on n’est plus dans cette tension, ce malaise physique et mental, donc on se sent apaisé. Et puis on est fier d’avoir dépassé un truc, de se dire : « si c’était à refaire j’en serais capable, je n’y prendrai pas forcément du plaisir mais j’ai la force de le faire ». 

Donc, pour conclure, le choix on l’a. Le curseur de l’obligation c’est nous qui le mettons, même si la peur nous influence parfois (et dieu sait qu’elle peut être mauvaise conseillère). Mais si on retourne la situation, l'origine des obligations que nous nous donnons n'est pas toujours extérieure à nous.

Si on part du principe qu’on est responsable de nous-même, de notre épanouissement, de notre bien-être, alors peut-être qu’on se donnerait moins le choix de faire ce qui nous fait envie et de ne pas faire ce qui nous déprime. Peut-être qu’on aurait une obligation de bientraitance envers nous-même et que cette obligation serait plus forte que tous les mensonges de notre peur.

Peut-être, finalement, que je n’avais pas tant que ça le choix de faire mon blog.


C’est juste une idée comme ça…


2 commentaires:

  1. Bonjour !
    J'ai découvert ton blog par l'intermédiaire d'Une chic Fille et je l'ai dévoré du premier au dernier article. Il me parle énormément étant donné que j'ai moi-même l'impression de me laisser diriger par la peur. Je rêve aussi d'ouvrir un blog et d'être recrutée par Mademoizelle^^ mais je me sens bloquée par la peur d'échouer, de ne pas faire assez bien, de n'être lue par personne, etc. Mais c'est loin d'être ma seule peur, et dans mon cas, je pense que mon univers familial y est pour beaucoup : je vois encore ma mère me rabâcher sans cesse les fameux "Fais attention, parce qu'il pourrait t'arriver ça, et ça, et encore ça..."
    Je me retrouve dans l'anecdote du tir-bouchon, me trouver des excuses pour pas faire un truc tout bête, préférer faire semblant d'avoir oublié quelque chose au lieu de simplement expliquer la situation. J'essaie de me forcer, et c'est vrai qu'on en ressent un certain soulagement une fois que c'est passé.

    Bref, au plaisir de te lire de nouveau !

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  2. Oh merci !! Je suis si contente que ça te parle !! Au moins on n'est pas seules... :)
    On a tous des petites voix en nous, que ce soit familial, amical, ou autre... Déjà les reconnaitre c'est un premier pas.
    Merci encore, j'espère que tu auras plaisir à lire les prochains articles ! ^^

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