dimanche 22 novembre 2015

Les choses dont je n'ai pas peur

Donc, Micheline, on est d’accord que tu es une grosse trouillarde ?

Mais, je ne te permets pas ! Bon, oui. Enfin… non. Un peu… Ça dépend du point de vue.

(Barack ne me suit plus...)

C’est vrai que je suis assez dure avec moi-même depuis le début de ce blog. Flippette, peureuse, trouillarde.
Et c’est bien d’être un peu exigeant avec soi-même. Ça permet de s’améliorer, de ne pas se contenter ce que l’on a, de ce que l’on est. De se remettre en question.
Mais parfois on peut aussi s’arrêter, regarder en arrière, ou regarder autour de soi, se donner une claque dans le dos et se dire qu’on est fier de soi, qu’on est une personne plutôt cool quand même.

          
(je ne sais pas qui est cette personne mais elle a tout compris)

Parce que, et j’y reviendrai, comment peut-on aller vers les autres si on a une image nulle de soi ?

Ok, Micheline, alors quelles sont les choses dont tu n’as pas/plus peur ?

-  M’endormir

(Oui, on en est là) 
Là, on part sur de la peur enfantine. Et un peu adolescente.
Le moment d’aller se coucher. Le moment où ton imagination part complètement en couille. Quand j’étais gamine je me relevais pour aller voir mes parents : « j’ai peur ». Au bout d’un moment, j’ai essayé de me prendre en main toute seule. Ce qui a donné lieu à une stratégie de type collage contre le mur (oui il me fallait à tout prix un mur) et cachage complet sous la couette, avec juste un trou pour respirer.
Je ne détaillerai pas plus cette peur parce que bizarrement, elle n’est jamais loin. Et même si j’arrive à m’endormir sans problème, c’est même souvent un plaisir, je sens que l’enfant en moi est toujours là. Donc j’évite tout ce qui est histoire à caractère « qui te revient pile quand ton cerveau ne sait pas à quoi penser avant l’endormissement ». Ces pensées flippantes se font donc très rares, mais si elles apparaissent j’arrive beaucoup mieux à lutter contre elles. C’est vraiment une lutte, c’est-à-dire que je ne les laisse même pas arriver à ma conscience, je les combats à grand coup d’imagination de trucs chouettes (de la bouffe, des paysages de carte postale, des bébés animaux, Aziz Ansari…)

-  Aller acheter du pain

(On en est là aussi) 
Quand j’étais plus jeune (genre collège) j’étais si timide que ma mère devait me gueuler dessus pour que j’aille acheter une baguette. Je me demandais ce qu’il fallait dire : « une baguette s’il vous plait » me paraissait un peu trop direct. « je pourrais avoir une baguette s’il vous plait » me paraissait trop long… Oui, j’en étais à me faire une phrase parfaite dans ma tête.
La peur de ne pas faire ce qu’il faut, de ne pas rentrer dans la case.
Maintenant, ça va, merci. J’ai acquis les codes, je peux même échanger de manière normale avec la boulangère, changer ma commande, faire une remarque sur le temps qu’il fait... Je ne me pose même plus la question en fait. Je peux même commander une brioche tranchée. 


-  Passer un coup de fil (dans le cadre professionnel)

On rejoint un peu le truc de la boulangerie. Les premiers coups de fil pour un stage que j’ai dû passer, je m’étais écrit une phrase de présentation. Mais alors pour la suite de la conversation, roue libre totale (=panique totale) ! Et si on parle en même temps ? Et si elle comprend pas ce que je dis ? Ma stratégie consistait alors à réduire les conversations au plus court. « on ne prend pas de stagiaire » « ah, merci, au revoir ». (pas terrible pour se vendre…)
Et puis, à force, j’ai pris des astuces. Genre sourire excessivement, être excessivement poli. Vu que la personne ne te voit pas, il faut en faire des caisses. Et à force de pratique, on prend de l’assurance, on se crée un personnage téléphonique.
Maintenant, je ne suis toujours pas une grande fan des conversations téléphoniques avec des gens que je ne connais pas trop, mais dans le cadre professionnel ou en tout cas non privé (genre appeler EDF), je suis à l'aise.

-  Poser une question en cours

Je me suis réorientée. Après avoir fait une fac de psycho (pendant laquelle je me suis fait très discrète) j’ai fait une remise à niveau scientifique. Et là, dès le premier cours, j’ai eu un prof de chimie génial. Il nous a expliqué que tout ce qu’on voyait, tout ce qu’on touchait était composé d’atomes. Ça a un peu été un mindfuck (ouais, j’en étais là, scientifiquement parlant) et je me suis dit que je pouvais pas laisser passer cette chance de comprendre tout ce que j’avais laissé de côté pendant mes années collège-lycée.  
La première question a été un peu angoissante. Ce moment où tu lèves la main, où tout le monde t’écoute, voire te regarde. Mais je me suis concentrée sur la réponse, qui m’intéressait vraiment. Et là quelqu’un d’autre pose une autre question, qui t’intéresse aussi. Les cours prennent une tout autre dimension quand c’est un échange.

-  Faire des trucs toute seule

Aller au cinéma, me balader, prendre un café (enfin, ça dépend du lieu), prendre un covoiturage, voyager (dans certaines conditions aussi)...
Quand j'étais ado, je ne faisais rien sans mes copines, je me sentais vulnérable quand j'étais seule. Et quand j'ai habité toute seule, je n'ai pas vraiment eu le choix. Surtout que j'étais plus solitaire que sociable.
Donc, ça c’est fait petit à petit, en testant mes limites, à mon rythme. Plus j’ai fait un truc, moins il me faisait peur.

Et puis danser en public, regarder les gens dans les yeux, faire de nouveaux trucs, le changement, déménager…

Donc l’idée c’est d’arrêter une seconde de voir ce qui ne va pas, les raisons pour lesquelles ça pourrait être mieux. Et de voir tout ce que j’ai déjà fait. Comme une bonne copine qui te dirait : « mais arrête un peu de te plaindre, tu as déjà fait plein de choses, c’est super, je te félicite ! ». Donc ouais, l’idée est d’être ami avec soi-même. (parler tout seul reste optionnel)

La deuxième idée est de se dire qu'on n’est pas seulement peureux. On est plus courageux qu’on ne le croit. Reprenons notre échelle à nous, pas l’échelle de la société (on s’en fout de ça). Rappelons-nous tous les moments où on a dépassé nos peurs et félicitons-nous pour ça. Et réalisons qu’on est toujours entiers. Dans le meilleur des cas on est plus forts. Dans le pire des cas on n'est pas cassé.


On n’est pas si fragiles. On est même plutôt costauds !! (OK ??)


2 commentaires:

  1. Très bon article, ça me remonte même le moral ^^.
    Le blog dans l'ensemble est très bien, bien écrit et bien expliqué (et je ne connais pas beaucoup d'autres mots que "bien"). Égoïstement ça me rassure de voir que je ne suis pas toute seule dans ce cas...
    Merci et continue comme ça c'est super ! =)

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